En Guinée, les droits des enfants en détention restent gravement bafoués, malgré les engagements internationaux pris par le pays. L’ONG « Les Mêmes Droits pour Tous » (MDT) déplore une législation toujours inapplicable et des conditions de vie désastreuses pour les mineurs incarcérés. Cette prise de position fait suite à la publication d’un rapport cinglant du Bureau guinéen Haut Commissariat des Nations Unies au Droits de l’Homme (HCDH) de l’ONU, révélant des pratiques contraires aux normes ratifiées par Conakry.
L’ONG MDT, par la voix de son président Me Frédéric Foromo LOUA, a exprimé ce vendredi 16 août 2024 au micro de Guineepanorama.com, sa profonde inquiétude face à l’incapacité de la Guinée à respecter les conventions internationales en matière de droits de l’homme. Ce constat s’appuie sur un rapport publié le 14 août 2024 par le bureau du HCDH en Guinée. Le rapport intitulé « Ne nous oubliez pas », dresse un tableau sombre des conditions de détention des mineurs dans le pays.
Fruit d’une enquête menée pendant un an et demi par des services onusiens, ce rapport dépeint une réalité alarmante : surpopulation carcérale, manque d’alimentation adéquate, absence de soins médicaux et de programmes éducatifs pour les enfants détenus. « Les conditions de vie dans les prisons guinéennes sont très préoccupantes. Les établissements sont surpeuplés et ne parviennent pas à fournir des repas suffisants en quantité et en qualité aux prisonniers. Il y a un manque criant de médicaments pour les détenus, et ces prisons n’offrent aucun cadre éducatif pour les enfants incarcérés, les plongeant dans une déscolarisation forcée », a déclaré Me Frédéric LOUA.
Le rapport de l’ONU s’appuie notamment sur des visites de terrain effectuées entre mars 2023 et juin 2024 dans plusieurs établissements pénitentiaires guinéens. Ces missions ont permis de collecter des témoignages et d’échanger avec les autorités judiciaires locales. L’ONG MDT, qui a pris part à ces travaux, appuie pleinement les conclusions du rapport, qualifiant les conditions de détention des mineurs de « contraires aux normes internationales » pourtant ratifiées par la Guinée.
Me Frédéric LOUA souligne également la problématique récurrente de la détention provisoire des mineurs, souvent prolongée bien au-delà des délais légaux. « En Guinée, la durée maximale de détention provisoire pour les mineurs est de deux mois en matière correctionnelle et de quatre mois en matière criminelle. Pourtant, beaucoup d’enfants passent des années en détention avant d’être jugés, ce qui constitue une violation flagrante de leurs droits », a-t-il dénoncé.
Face à cette situation préoccupante, l’ONG MDT le gouvernement guinéen à renforcer ses efforts et à montrer une volonté politique ferme pour mettre fin à la détention prolongée et abusive des mineurs. Ils appellent à une réforme urgente du système judiciaire, afin de garantir que les enfants ne soient plus victimes de pratiques qualifiées d’« illégales et arbitraires ».
Tamba Justin LÉNO