Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), l’ONG ARISE a organisé une conférence-débat ce vendredi 6 décembre 2024, à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) à Conakry. L’événement, initié par Julie Nowaï, diplômée en droit de cette même institution et auteure du roman Silence Pouriel, a rassemblé des étudiants – en majorité des filles, des représentants d’institutions onusiennes telles qu’ONU SIDA Guinée, des acteurs de la société civile, ainsi que des experts en lutte contre les VBG.
Pour Julie Nowaï, la conférence et son roman se veulent des outils pour interpeller sur la diversité des formes de violences basées sur le genre. « Ce livre, il est vraiment complet. Il traite de toutes les formes de violences basées sur le genre : mariage précoce, mutilations génitales féminines, viol, violences conjugales, d’éducation complète à la sexualité pour permettre aux parents de parents à leurs enfants enfants de sexualité, des méthodes de contraception – pour ne pas qu’elles aient à subir les violences basées sur le genre. Donc, c’est un roman qui parle de culture, de traditions parce que nous savons les pesanteurs socio-culturels qui contribuent à la perpétuation de ces violences. On parle aussi de Sida qui est une des conséquences des VBG. On parle de droit – les violences basées sur le genre, lorqu’elles sont commises, on se demande est-ce qu’il faut les porter devant les autorités religieuses, devant les autorités coutumières – c’est un livre qui amène plusieurs réflexions autour de la question des VBG, de la Protection des personnes vulnérables », a-t-elle expliqué.
L’initiative a particulièrement touché les participants, comme Hélène SOVOGUI, étudiante en troisième année de comptabilité. « Quand j’ai vu le titre de la conférence, j’ai été motivée à participer. Écouter quelqu’un comme Julie, qui a étudié dans la même université, m’a inspirée. Désormais, j’ai le courage de briser le silence », a-t-elle confié avec émotion.
Pour Jean Pascal, un autre participant, « Cette conférence m’a apporté beaucoup de connaissances. Grâce au livre Silence Pouriel, je suis mieux préparé à contribuer activement à la lutte contre les VBG. »
Un appel à la mobilisation collective
Le Directeur académique de l’UCAO Guinée, Augustin GNIMASSOU, a souligné l’importance de l’éducation dans la lutte contre les violences : « Je voudrais rassurer Julie qu’il y a beaucoup d’hommes qui mènent ce combat avec elle. Personnellement, je suis le premier qui a commencé à donner les cours de genre dans des universités. Mes collègues ont commencé à se moquer de moi en disant : mais comment tu peux donner un cours qui s’occupe de femmes ? Mais je ne l’ai pas regretté parce que ça m’a apporté beaucoup de satisfaction dans ma vie de tous les jours. Le genre, ce n’est rien d’autre que le quotidien que nous vivons parce que Dieu nous a créés deux : homme et femme et nous oblige à vivre ensemble. De ce vivre ensemble, jaillissent toujours quelques contradictions. Ce qu’il faudrait, c’est de faire en sorte de ne pas instinctivement régler ces contradictions par la violence. Malheureusement, c’est ce qui arrive – L’être humain est naturellement violent. Il faut donc déconstruire cette violence dans son éducation. Je le dis souvent à mes étudiants : pour réduire les violences faites aux femmes, c’est vous les femmes parce que c’est vous vous éduquez à être garçon. C’est pas nos papas parce qu’ils ne sont presque jamais là. Tant que vous avez une éducation différenciée pour vos filles et vos garçons, vous préparez le garçon à être l’homme, vous lui montrez qu’il doit être fort, il doit être violent ».
Le Père Richard LAMAH, président de l’UCAO Guinée, a pour sa part insisté sur l’engagement personnel des participants : « Nous sommes des témoins. Mais au lieu de raconter avec des mots, nous devons changer par nos comportements. Si chacun agit, le changement est possible. »
Un exemple de leadership féminin
La réussite de Julie Nowaï a été saluée comme un modèle pour la jeunesse guinéenne. « Je n’ai qu’un mot à dire : c’est merci ! – pour s’être déplacés. La première personne a remercier c’est Julie – C’est ça un bon exemple. C’est une fille. Ça veut dire qu’il y a tellement de possibilités pour vous [les filles]. Il suffit d’oser. Elle a oser et elle a gagné – Un souhait et une recommandation : c’est ce qu’a dit la Directrice du Laboratoire national des VBG. Elle a dit : « C’est nous qui devons changer d’abord pour que les autres changent ». Ça veut dire que nous ne sommes pas venus participer de façon passive – Nous sommes des témoins. Un témoin c’est quelqu’un qui a vécu quelque et qui va raconter. Mais nous, nous n’allons pas raconterais par nos mots, mais par notre comportement. Si à partir de maintenant nous décidons d’aller dans ce sens, le monde va changer. Un feu qui va brûler un village va toujours commencer par un petit bout. C’est nous ce bout », a fait savoir le Père LAMAH.
Cette conférence s’inscrit dans une dynamique de sensibilisation et d’action concrète pour combattre les violences faites aux femmes et aux filles. Un message fort, porté par des acteurs déterminés à bâtir un avenir meilleur.
Saa Joseph KADOUNO