« La destruction de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse en 2019 reste un souvenir très douloureux pour nous… »
Le 14 septembre 2024 restera à jamais gravé dans les mémoires des victimes des déguerpissements de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse, après la restitution de leurs titres fonciers et des plans parcellaires. Pour certaines victimes comme Ben DIALLO, une partie du mal a été réparée mais les souvenirs restent douloureux. Il s’est confié à un reporter de Guineepanorama.com ce lundi 16 septembre 2024.
C’était il y a 5 ans pour certains, 26 ans, pour d’autres, quand il ont assité, impuissants, au passage des bulldozers sur leurs constructions à Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse. Inoubliable, pour Ben DIALLO.
« La destruction de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse en 2019 reste un souvenir très douloureux pour nous. Il est important de rappeler qu’il y a eu deux destructions : la première en 1998 et la seconde en 2019. Ces moments ont été tragiques et ont causé de nombreuses victimes parmi nous, notamment des décès, des accidents cardiovasculaires et des familles dévastées », se souvient Ben DIALLO.
Il précise que le second déguerpissement, sous le régime démocratique de l’époque, a débuté le 25 février 2019. Il décrit ces événements comme atroces, les imputant selon lui à l’ancien régime du président Alpha CONDÉ. « Ce déguerpissement a été une véritable violation des lois de la République de Guinée. Nous avons été expulsés illégalement, en contradiction flagrante avec l’article 3, paragraphe 4, du décret de 1989, qui avait déclaré cette zone comme réserve foncière de l’État et stipulait que personne ne devait être déguerpi sans compensation et relogement. Avant la destruction, le tribunal de première instance de Dixinn avait ordonné au ministre de l’Habitat de ne toucher à aucune maison en attendant la décision sur la propriété entre l’État et les citoyens. Malheureusement, l’ancien ministre de l’Habitat, Dr Ibrahimima KOUROUMA, a ordonné la destruction malgré cette décision judiciaire », regrette-t-il.
Aujourd’hui, les victimes retrouvent un espoir longtemps perdu grâce à la restitution des titres fonciers pour leur nouveau site. C’est avec joie que le Collectif des Victimes de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse exprime sa satisfaction. « C’est un soulagement, une satisfaction et une profonde reconnaissance envers le président de la transition, le Général Mamadi DOUMBOUYA. Cet acte est extrêmement réconfortant, surtout pour les familles qui ont longtemps vécu dans les rues. Beaucoup ont perdu leurs repères, et d’autres ont dû se réfugier au village. Tout le monde est content et satisfait », se réjouit Ben DIALLO.
Interrogé sur le nombre total de familles touchées par les déguerpissements, Ben Diallo précise qu’un recensement préalable a dénombré 2 673 familles victimes. « Pour les deux déguerpissements de 1998 et 2019, nous avons recensé 2 673 familles, mais il est important de noter que ce chiffre représente des familles et non des individus. Si nous évaluons le nombre total de personnes, cela représente environ 30 000 individus », explique-t-il.
Actuellement, la répartition des parcelles n’a pas encore commencé et ne doit pas se faire dans la précipitation. Le collectif est confiant quant à l’absence de fraudes durant cette étape. Seules les victimes recensées lors de l’appel à cet effet seront concernées. « Lorsque le Général Mamadi DOUMBOUYA a initié la restitution des titres fonciers, le recasement et l’indemnisation des habitants de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse, l’État a mis à disposition de la SONAPI les moyens nécessaires et a recruté un cabinet international pour le recensement des victimes de 1998 et 2019. Les victimes devaient s’identifier en confirmant que leur maison avait été détruite. Nous avions déjà une liste de 2019 que nous avions élaborée nous-mêmes. Il fallait comparer cette liste avec celle de la commission mise en place par les autorités pour vérifier les pertes déclarées. Ces informations devaient être confirmées par les chefs de secteur », détaille Ben DIALLO.
Il ajoute que les personnes déclarées victimes mais non retrouvées dans le recensement ne pourront prétendre à une compensation, car un temps suffisant a été accordé pour les déclarations.
En conclusion, Ben DIALLO annonce que la prochaine étape après la restitution des titres fonciers sera l’aménagement du site. Le morcellement par parcelle suivra, ainsi que le partage basé sur la supervision des domaines et des autres biens perdus par chaque victime recensée.
Tamba Justin LÉNO