Le 1er juin 2024, l’agence MAAK’COM organisera la 4e édition des Médias Awards Guinée dans un format particulier, en raison du contexte actuel dans le secteur des médias guinéens. Pour en savoir plus sur les raisons de ce changement de programme et les éléments clés de cette cérémonie, Nos confrères des sites Le Populaire et Sitanews se sont entretenus avec le Commissaire général de cet événement désormais incontournable dans l’univers médiatique guinéen. En poste à Bruxelles, Antoine KOUROUMA a accepté, volontiers, de répondre à nos questions.
Suivez ci dessous l’intégralité de cette interview exclusive.
Comment préparez-vous la cérémonie du 1er juin ?
« Elle se prépare très bien. Il y a sur place, à Conakry, une équipe dynamique dirigée par Sana Josémar (le commissaire général par intérim) qui est à pied d’œuvre pour fournir, comme toujours, un travail exceptionnel, une cérémonie unique, soignée et très professionnelle. Sur ce plan, je n’ai aucun doute. »
Après le report dû, à l’époque, à un contexte particulier, le comité d’organisation a décidé de réaménager le contenu de la 4e édition des Médias Awards Guinée. Pourquoi ce changement ?
« Merci de me donner l’opportunité d’apporter des éclaircissements autour de la tenue de la prochaine édition des Médias Awards Guinée. Effectivement, la 4e édition des MAG était prévue le samedi 07 mars 2024, puis, dans les derniers instants, nous avons été contraints de la reporter à une date ultérieure.
D’abord sur le choix de la date, il s’agit d’une tradition chez nous depuis la création de l’événement. Pour ceux qui nous suivent depuis le début, les MAG ont toujours été organisés au mois de mars (1re édition, 27 mars 2021 – 2e édition, 26 mars 2022 – 3e édition, 18 mars 2023) et généralement avant la période de ramadan. Donc, lorsque nous finissons une édition, nous savons déjà quand aura lieu la suivante. Tout cela pour vous dire que les préparatifs de cette 4e édition ont débuté bien avant la crise qui frappe les médias, aujourd’hui.
Le 15 décembre 2023, nous avons organisé une conférence de presse pour lancer, officiellement, cette activité, comme nous le faisons chaque année depuis la 1re édition. Encore une fois, nous ne savions pas ce qui allait se passer, puisque c’est l’exercice de l’année écoulée que nous évaluons.
À cette occasion, je me suis rendu à Conakry pour assister à cette étape importante de notre événement. Ce jour-là, nous avons fait de grandes annonces par rapport au programme établi par le comité d’organisation, piloté de main de maître par le doyen Justin MOREL Junior qui n’est plus à présenter. C’étaient, entre autres, l’ouverture de l’événement à 3 pays du continent, les réformes au niveau des prix à décerner, une villa offerte, la célébration d’une icône de la presse africaine, Alain Foka, et de feue Colette Baudais de la radio Renaissance, le tout autour du thème « les Médias guinéens et la problématique des transitions ».
Malheureusement, au fur et à mesure, la crise s’est accentuée, les relations entre les médias et le pouvoir se sont davantage dégradées. Malgré cela, nous avons tenu à organiser la cérémonie, car pour nous, le thème cadrait parfaitement avec le contexte. De plus, il fallait mettre toutes les parties en confiance, les appeler au dialogue, les amener à discuter pour trouver une solution. Je ne vous dis pas les démarches que nous avons menées, à tous les niveaux, dans l’ombre, pour aboutir à des résultats.
Le plan d’action était en cours d’exécution, jusqu’à la dernière minute. La liste des nominés était pratiquement prête, les supports de la plupart des candidats, les nouveaux trophées confectionnés en France, les invités étrangers qui devaient effectuer le déplacement, tout était, quasiment, prêt. Puis, en un laps de temps, les événements se sont enchainés avec l’enlisement de la crise : l’arrestation du secrétaire général du SPPG (syndicat de la presse professionnelle de Guinée NDLR) Sékou Jamal Pendessa, la dissolution du gouvernement, la grève générale et illimitée du mouvement syndical, bref un cocktail qui ne permettait pas la tenue, en toute quiétude de cet événement que nous voulions grandiose. Habituellement, nous réunissons les acteurs à tous les niveaux : le gouvernement, les médias, les acteurs sociopolitiques, les citoyens, en tout cas, chacun se reconnait dans cette activité. Dans un contexte pareil, on n’avait pas d’autres choix que de reporter. Nous avons donc publié un communiqué pour annoncer le report à l’issue d’une réunion d’urgence, nous avons également informé nos partenaires qui ont été très compréhensifs, je les remercie ici d’ailleurs. »
La 4e édition se tiendra finalement le 1er juin prochain. D’après le communiqué que le Comité d’organisation a rendu public récemment, il est indiqué, je cite : « c’est un contenu aménagé et adapté au contexte particulier qui prévaut dans l’univers des médias en Guinée ». Pourriez-vous nous en dire davantage sur ces aménagements et cette adaptation au contexte ?
« Après le report, on avait promis d’annoncer une date après le ramadan, chose faite aujourd’hui, avec un réaménagement du programme. Au regard de la persistance de la crise au sein des médias, nous souhaitons que les choses reviennent à la normale, d’où le changement de contenu. Le samedi 1er juin 2024, nous organisons une édition toute spéciale au cours de laquelle nous comptons rendre hommage à 50 acteurs des médias. Nous souhaitons réunir autour d’un même plateau les gouvernants et les acteurs de la presse pour échanger et sympathiser, car ces deux entités sont des partenaires naturels indissociables. Ils sont comme les dents et la langue, elles cohabitent, se frottent, l’une mord l’autre mais elles ne se séparent jamais. Il y aura un panel en ouverture de la cérémonie, animé par le doyen Justin MOREL entouré d’autres acteurs. La diffusion d’un film documentaire, des témoignages et de pleines d’autres surprises. »
Qui sont les acteurs qui seront alors spécialement célébrés à cette édition des Médias Awards Guinée 2024 ?
« À l’occasion de cette édition spéciale des MAG, nous comptons récompenser les journalistes et les techniciens de l’ancienne et de la nouvelle génération de la presse guinéenne. Certains grands noms ont complètement disparu des radars, nous irons les chercher, d’autres sont décédés, nous leur rendrons hommage à titre posthume, certains autres ont consenti beaucoup de sacrifices pour l’émergence des médias, ils seront honorés. Il y a aussi les photographes qui abattent un travail énorme mais qui sont laissés aux oubliettes. Il y a ceux qu’on appelle les amis de la presse : les mécènes, les consultants, les auditeurs, ils ne seront pas en marge. Comme le dit si bien notre slogan « célébrons-nous, vivants ! » »
Quels sont les principaux critères qui vous guideront pour choisir les personnalités illustres à célébrer ?
« Pour les critères, c’est assez simple. On ne pourra pas choisir tout le monde. Ceux qui vont recevoir les prix seront désignés par leurs pairs, avec pour critère principal l’expérience dans le métier reconnue par tous et le parcours exemplaire. Il y a bien d’autres critères internes au comité d’organisation. Une conférence de presse est d’ailleurs prévue dans les jours à venir pour plus de détails. »
Un mot pour conclure cette interview
D’abord, merci aux sites d’informations Le Populaire et Sitanews que je lis souvent, pour leurs contenus assez pointus et bien fournis. Je suis à distance de ce qui se passe en Guinée, j’avoue que cela nous interpelle tous, c’est pourquoi la tenue de cette cérémonie est importante. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice pour que les choses marchent dans le bon sens. La dernière rencontre entre le Premier Ministre Bah Oury et les associations de presse m’a réconforté et redonné de l’espoir quant à une sortie très prochaine de la crise.
Je l’ai dit récemment dans une de mes publications : « la presse ne doit pas voir le pouvoir comme un adversaire à abattre, idem pour le pouvoir qui ne doit pas voir la presse comme un acteur au service du mal, les deux se complètent. Ils sont condamnés à se supporter, ils doivent donc agir en toute objectivité pour le bien de la Guinée. »
Je dis ceci, notez-le bien : « Nous allons célébrer l’entente retrouvée à la cérémonie du 1er juin, j’en suis convaincu. » Je remercie les acteurs, à tous les niveaux, les partenaires surtout, pour la confiance placée en notre équipe depuis 2020. Ce n’est pas toujours facile, mais on se bat pour ne pas les décevoir. Je salue toute la Guinée et que Dieu protège notre mère patrie.
Par Tidiane Diallo et Sita Camara