La déclaration du ministre des Transports, Ousmane Gaoual DIALLO, selon laquelle la dégradation de la desserte en électricité dans les ménages de Conakry et aux environs est due au non-paiement des factures d’électricité consommée par 80 % de certains citoyens, continue d’alimenter le débat dans la cité. Lors d’une interview accordée ce lundi, 8 juillet 2024 à la rédaction de Guineepanorama, certains acteurs politiques de la Guinée ont réagi. Tous s’inscrivent en faux.
Le non paiement des factures par certains ménages ne peut expliquer les délestages du courant électrique, comme le prétend Ousmane Gaoual DIALLO, Porte-parole du Gouvernement. Certains acteurs sociopolitiques en sont convaincus. Interrogé sur ce sujet, Dr Faya MILLIMONO le contredit et estime que les causes du délestage électrique sont ailleurs. « Au fait, il y a quelques-uns qui ne paient pas le courant. C’est ce qui cause le délestage ? non, non ! », l’homme politique.
Il relative les perturbations de la fourniture du courant électrique avec les impacts des actions entropiques sur l’environnement. « Les causes du délestage sont ailleurs, soit nous ne produisons pas suffisamment d’énergie, soit nous avons des problèmes environnementaux que l’on ne veut pas bien reconnaître. Aujourd’hui, le taux de pluviométrie dans notre pays ne fait pas 50 % de la pluviométrie que nous avions dans les années 40. Nous assistons à une dégradation de l’environnement à un rythme accéléré. Pour la majorité des Guinéens, la source principale d’énergie est le charbon de bois. Cela fait disparaître des hectares de forêts tous les ans. Et la disparition du couvert végétal a un lien direct avec la possibilité qu’il pleuve ou pas », a-t-il expliqué.
Pour le Coordinateur national de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG), le plus gros consommateur et mauvais payeur [du courant électrique] en Guinée n’est autre que l’État. « Nous, en tant qu’acteurs de la société civile, nous nous interrogeons sur quelle étude il s’est référé pour donner ces chiffres. Le mauvais payeur des factures en Guinée, c’est l’État. Il est le gros consommateur d’électricité, suivi par les entreprises privées. La consommation des populations est inférieure à celles des deux entités citées ci-dessus », a-t-il rapporté.
Nous sommes dans une confusion indescriptible sur la desserte en électricité, s’inquiète notre un autre acteur de la société civile qui a préféré garder l’anonymat. Entre le porte-parole du gouvernement et le ministre de l’énergie qui accuse le manque d’eau dans les barrages, il se pose la question de savoir qui dit la vérité.
« Nous avons suivi aussi tout récemment le ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures qui a affirmé que le manque d’électricité est dû à l’insuffisance d’eau dans nos barrages. Cependant, le ministre Porte-parole a dit le contraire. La question que nous nous posons est : entre les deux ministres, qui croire ? », s’est-il interrogé.
Pour cet acteur de la société civile, le CNRD ne dispose d’aucune expertise pour fournir de l’électricité aux Guinéens.
Aly Pires CAMARA