C’est un jour historique pour la République de Guinée où, pour la première fois, la justice juge un ancien président. Moussa Dadis CAMARA, qui a dirigé la Guinée pendant 12 mois entre 2008 et 2009, a été déclaré coupable de « crimes contre l’humanité » ce 31 juillet 2024 à Dixinn dans le cadre du procès des massacres survenus en 2009 dans la capitale guinéenne. Il est reproché à l’homme, natif de N’zérékoré au sud du pays, son incapacité à interdire ces évènements sanglants, alors qu’il était le chef de la junte militaire d’alors. Les réactions ont fusé de partout après ce verdict historique. Pour les parents des victimes comme Oumar DIALLO qui a perdu son père ce jour-là, Dadis l’a bien mérité.
« C’était lui le chef qui avait le pouvoir de décider de quoi que ce soit. Il a attendu la dernière minute pour dire qu’il n’autorise pas la manifestation. Venu pour changer le pays et partir en peu de temps comme il avait promis, il a fini par ressentir un grand amour pour la chefferie. Avec son entourage, il est tombé dans l’euphorie du pouvoir. Qu’il paie pour ce qu’il a fait. », a-t-dit, convaincu que son défunt père froidement assassiné le 28 septembre ne reviendra plus certes, mais que celui qui a autorisé sa mort selon lui, soit derrière les barreaux pour le restant de sa vie.
Après le verdict, Cécé Raphaël HABA, un des accusés a été reconnu non coupable. Un de ses proches a exprimé sa joie sous anonymat à notre micro. Il nous a confiés qu’il a décidé la mort dans l’âme, de rester chez lui et de regarder le dernier acte de ce procès historique à la télévision pour plusieurs raisons.
« Il ne fallait pas que je sois au tribunal aujourd’hui. Depuis le début du procès, c’est la première fois que je m’absente à Kaloum. Il le fallait pour éviter une crise cardiaque. A l’approche du verdict, la peur s’est emparée de moi. Je pouvais perdre la vie aujourd’hui si seulement si Cécé Raphaël HABA était reconnu coupable et condamné à la prison à perpétuité. », a-t-il laissé entendre, les larmes de bonheur plein les yeux.
Parmi nos interlocuteurs, figure un proche de l’ancien Président. Sous anonymat « pour éviter la colère des parents des victimes », dit-il, il soutient que ce procès a eu tout son sens pour faire payer les pots cassés à Moussa Dadis CAMARA qui devrait sortir la tête haute. La vérité n’a pas été dite selon lui, il pointe du doigt l’opposition d’alors qui a réussi à mettre les bâtons dans les roues de la gouvernance de l’ancien chef de la junte militaire au pouvoir
Pour rappel, le 28 septembre 2009, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont également été violées.
Tamba Justin LÉNO