Le verdict du procès des massacres du 28 septembre 2009, rendu le lundi 31 juillet 2024 par le Tribunal de première instance de Dixinn, a suscité des réactions mitigées. Me Mohamed Abdoulaye CAMARA, avocat de Capitaine Marcel GUILAVOGUI, Adjudant-Chef Mamadou Aliou KEÏTA, et Sergent-Chef Paul Mansa GUILAVOGUI, condamnés respectivement à 18 ans et 11 ans de prison, a exprimé ses sentiments partagés face à cette décision judiciaire.
« Je suis à moitié content, à moitié pas content. Content parce que nous arrivons au bout d’un procès qui a pris [près de] deux ans, un procès qui a eu lieu après une longue attente. Tous les regards étaient tournés vers nos clients. Toutes les accusations – tous les mots étaient attribués à nos clients. Tous les crimes, nos clients étaient les auteurs, selon les paroles de la rue, » a déclaré Me CAMARA.
Il a souligné les attentes élevées quant aux preuves et aux témoignages qui devraient être présentés par les plaignants pour asseoir la conviction du tribunal. « On s’attendait à ce que toutes les preuves soient apportées par les plaignants, que les témoins comparaissent pour asseoir la conviction du tribunal mais voilà que dans ce dossier, il n’y a pas eu de fouille, il n’y a pas eu d’actes posés par les spécialistes pour constater la mort – je me demande sur la base de quoi le tribunal pourrait entrer en condamnation – pas d’acte médical sur le fondement d’un crime. Je ne parle pas de crimes contre l’humanité », a-t-il ajouté.
Me Mohamed a exprimé son étonnement face à la condamnation de ses clients malgré l’absence de preuves solides qui ont poussé le ministère public à requérir la requalification des faits sur la base de laquelle ses clients ont été condamnés, selon lui. « Le ministère public a permis de faire comprendre quoi au Tribunal ? Avec tout ce tintamarre ! De là à condamner mes clients – ça m’étonne, moi. Il n’y avait pas de preuves ».
Il est donc convaincu que ses clients n’ont pas été condamnés sur la base de la responsabilité individuelle, comme soutenu par le Tribunal de Sory II TOUNKARA. « Le tribunal a essayé de condamner juste parce que – on dirait, sur la base de la responsabilité de commandement. En tout cas, c’est ce que j’ai compris parce que nous n’étions pas dans la salle – on a préféré ne pas être dans la salle. Mais ce que je retiens, il n’y a pas de fait reprochable à mes clients », a-t-il renchéri.
Les faits de viol
Un de ses clients, à la personne de M’amadou Aliou KEÏTA a été accusé de viol sur une manifestante. L’avocat s’interroge sur le fait que cette dernière n’a pas été entendue ni à la barre, ni lors du huit-clos intervenu dans le cours du procès.
« Nous avons demandé à ce que cette victime comparaisse devant ce tribunal. Les débats sont publiques – des audiences à huit-clos, pourquoi elle n’est pas venue ? Si elle a fui les audiences, à qui la faute ? De là on doit condamner mon client ? Non ! ».
Coups et blessures
L’avocat refutte aussi les accusations de coups et blessures attribuées à Marcel GUILAVOGUI, un autre de ses clients. « Il n’a pas donné de coups ni à Sidya, comme les gens le racontent, ni à Cellou Dallein – le garde de corps de Cellou, qu’est-ce qu’il a pu dire contre Marcel GUILAVOGUI ? Rien ! », défend-t-il.
Me Abdoulaye CAMARA a conclu en nous confiant avoir l’« intention de relever appel« mais il ne peut le faire « sans associer » ses clients.
Sa réaction met en lumière les controverses qui entourent ce procès historique, marqué par des attentes de justice et des questions sur l’objectivité et la rigueur des preuves présentées. Tout au long du procès, les avocats de la défense n’ont cessé de les réclamer au ministère public et à la partie civile. Les avocats des parties insatisfaite de la sentence ont 15 jours pour faire appel.
À noyer que les avocats sont actuellement en débraillage et en vacances.
Saa Joseph KADOUNO