Quand vous montrez aux militaires qu’après le pouvoir vous allez les confronter à des difficultés, ils vont refuser de quitter le pouvoir.
L’avant-projet de nouvelle constitution a été présenté lors d’une plénière à l’hémicycle. Des nouveautés, comme les candidatures indépendantes ont été introduites. Pour beaucoup, les candidatures indépendantes ouvrent la voie à une éventuelle candidature du Général Mamadi, DOUMBOUYA, actuel président de la transition, qui s’est engagagé à ne pas être candidat aux futures élections présidentielles. Ange Gabriel HABA du CNOSC pense le contraire. Il l’a fait savoir à travers un entretien qu’il a accordé à notre rédaction.
C’est l’un des débats qui dominent la cité depuis la présentation de l’avant-projet de la nouvelle constitution : la candidature du président de la transition aux élections présidentielles à venir. Rencontré ce vendredi 2 juillet 2024, le Secrétaire exécutif du Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSC) pense que c’est une réflexion erronée. « On ne peut pas mettre le nom de quelqu’un dans une constitution pour dire que telle personne ne doit pas se présenter à une élection. Ça n’existe dans aucune constitution au monde – quand un chef donne sa parole, pour le contraindre à respecter sa parole, il faut agir méthodiquement. Il ne faut pas rentrer dans les rapports de force. Les rapports de force révoltent les chefs et les amènent à relever des défis même s’ils vont manquer de respecter leur engagement, ils le feront pour relever le défi. Ne créons pas des problèmes là où il n’en existe pas. Quand le président dit : « Je ne me présenterai pas, aucun membre du CNRD ne se présentera », continuons à lui accorder le bénéfice du doute et croyons en ce qu’il a dit pour dire que oui, nous avons assez confiance au président. Nous savons qu’il ne va pas violer sa parole. Au lieu de se mettre dans l’idée qu’il ne va pas respecter », argumente-t-il.
Pour lui, les acteurs socio-politiques ne doivent pas faire l’apologie de ce qu’ils n’aiment pas. C’est pourquoi il les invite à accorder un bénéfice du doute au président de la transition. « Ne faisons pas l’apologie de quelque chose que nous ne voulons pas. Si on fait l’apologie d’une présentation du président aux élections à venir, finalement on va l’amener à se présenter. Parce qu’on va le mettre devant un défi. Il y a des présidents qui ont refusé de respecter leur parole par manque de respect, quand ils disent, je ne vais pas me présenter, les gens, à chaque fois, veulent les imposer, finalement ils se présentent parce qu’ils se sentent menacés. Lorsque vous avez des militaires au pouvoir, faites très attention ! Quand vous montrez aux militaires qu’après le pouvoir vous allez les confronter à des difficultés, ils vont refuser de quitter le pouvoir. Ils vont confisquer le pouvoir. Parce qu’ils ont peur d’avoir des problèmes après le pouvoir. Donc il faut les rassurer que de par leur gestion, après le pouvoir, vous allez faire en sorte qu’ils n’aient pas de problème », a-t-il indiqué.
À plusieurs reprises, le président de la transition a affirmé que ni lui, ni un membre du CNRD ne sera candidat à la présidentielle à venir. Ses détracteurs n’y croient pas. Il reste désormais à savoir s’il va respecter son engagement.
Mamadou Mouctar SYLLA