L’ancien ministre de l’Unité nationale, Khalifa Gassama DIABY, dépeint une Guinée où le « désespoir » et les « rendez-vous manqués » sont devenus la norme. Dans une tribune publiée chez nos confrères de Guinee114, il exprime son profond regret et sa colère face à la situation actuelle du pays, critiquant vivement le régime du Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD).
Des gouvernants déconnectés de la réalité
L’ancien ministre d’Alpha CONDÉ commence par décrire une Guinée où les souffrances et les douleurs sont omniprésentes. « De Conakry à Yomou, sur les visages affadis de souffrances, étourdis de douleurs et de désespoirs, la colère sourde, les guinéens broient leurs déceptions et leurs amertumes dans un silence de misère et de tristesse ».
Les « libérateurs » de jadis « sont devenus les persécuteurs », imposant des mécanismes de terreur et de violence pour soumettre le peuple au lieu de l’écouter et de le satisfaire. Il fustige les dirigeants actuels, qu’il accuse d’« arrogance et de répétition des erreurs passées », en espérant des résultats différents.
Appel à la raison
L’ancien ministre implore les dirigeants de faire preuve de sagesse et d’empathie, soulignant que lorsque le peuple est mécontent, les autorités préfèrent blâmer des ennemis imaginaires plutôt que de reconnaître les véritables causes du mécontentement. Il appelle à un retour à la raison et à la justice, rappelant que la justice du prince est plus importante pour le peuple que de bonnes récoltes.
Répression et kidnappings
Gassama DIABY exprime une profonde tristesse pour les arrestations arbitraires, notamment celles de « Foniké Mangué » et Billo BAH. Il décrit le CNRD comme un régime qui utilise cyniquement la terreur et les kidnappings pour maintenir son pouvoir, plongeant le peuple dans la misère et la désespérance. Il exige leur libération immédiate et inconditionnelle, dénonçant ce qu’il appelle un « cirque insupportable ».
Critique de la refondation
Le CNRD est accusé de mettre en place une dynamique de chaos et de terreur. M. DIABY critique les pratiques de kidnappings et de brutalités, déplorant la souffrance des citoyens. Il appelle à la libération de tous les détenus politiques et à la fin des pratiques arbitraires.
Responsabilité internationale
L’ancien ministre appelle la communauté internationale à intervenir et à ne pas laisser la Guinée entre les mains d’individus assoiffés de pouvoir. Il exhorte les partenaires bilatéraux et multilatéraux à faire pression sur le CNRD pour qu’il respecte ses engagements et les droits de l’homme. G. DIABY avertit que l’inaction de la communauté internationale pourrait entraîner une rupture de confiance avec le peuple guinéen et une augmentation des vagues migratoires.
Appel à la société civile et aux religieux
Il invite les sages, les religieux, et toutes les institutions sociales et morales à rappeler au CNRD ses obligations et à mettre fin aux injustices et aux violences. Gassama DIABY insiste sur le fait que ceux qui se battent pour la liberté et la justice ne sont pas une menace pour la paix, mais que ce sont les violations des lois et des principes démocratiques par les autorités qui mettent en péril la stabilité du pays.
Réflexion sur l’avant-projet de nouvelle Constitution
DIABY remet en question la nouvelle Constitution, soulignant que le respect des lois dépend de l’honneur des dirigeants et de la vigilance du peuple, et non de la simple existence d’un texte constitutionnel. Les constitutions ne font pas les démocraties. « Les démocraties émergent d’abord de la détermination des peuples à se faire respecter, à faire respecter leur souveraineté et leur dignité. Elles émergent ensuite de la volonté et de la bonne foi des dirigeants à intégrer le fait qu’ils ne sont ni indispensables, ni irremplaçables, et qu’ils doivent comme les autres citoyens se soumettre à la force des lois et des principes démocratiques. »
Il critique également le fait que les dirigeants actuels ne respectent même pas la charte de la transition qu’ils ont eux-mêmes rédigée.
Un ultimatum
L’ancien ministre conclut en appelant à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, au rétablissement des libertés civiles et politiques, et à la définition d’un agenda pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Il avertit que toute autre voie serait une fuite en avant dangereuse et imprévisible, rappelant que l’arbitraire ne gagnera pas et que la justice et la liberté triompheront toujours.
La rédaction