« …Quand il promet quelque chose, il réalise toujours ! »
Le président de la Transition, Mamadi DOUMBOUYA, arendu visite vendredi (23 août 2024) à Hadja Aïcha BAH, « une des trois facilitatrices du cadre de dialogue inclusif interguinéen », à son domicile à Yimbaya, dans la commune de Matoto. Accueilli par une foule enthousiaste, ce déplacement soulève des interrogations sur les enjeux de la transition guinéenne, en pleine tourmente politique et sociale. Alors que certains acteurs boycottent le processus, d’autres voient en cette visite un symbole de respect et d’engagement.
La visite du président de la Transition, Mamadi DOUMBOUYA, à Hadja Aïcha BAH ce vendredi 23 août à Yimbaya a été marquée par des scènes de joie populaire. Une foule nombreuse du quartier s’est rassemblée pour accueillir le chef de l’État, témoignant de la ferveur que suscite encore le colonel malgré les nombreuses critiques entourant sa gestion de la transition.
Pour Hadja Aïcha BAH, membre influente du cadre de dialogue interguinéen, cette visite représente bien plus qu’une simple courtoisie. Elle voit en ce geste une marque de considération et de respect. « Qu’est-ce qu’on peut souhaiter de mieux [que la visite d’un Chef d’État] ? Je suis tellement heureuse que vous ne pouvez pas, je ne peux pas dire, je ne peux pas parler ! Il a vu mon mari qui est fatigué – Alhamdoulilaye ! il respecte les anciens ! Il m’aime beaucoup et je l’aime beaucoup ! », a-t-elle déclaré, visiblement émue.
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Un témoignage qui traduit à la fois sa satisfaction personnelle et sa confiance en l’actuel chef de l’État qui a pris des engagements forts devant la nation guinéenne, notamment celui de ne pas rester au pouvoir au-delà du délai de la transition.
Cependant, cette rencontre s’inscrit dans un contexte politique complexe. La transition guinéenne, engagée sous la houlette de Mamadi DOUMBOUYA depuis le renversement d’Alpha CONDÉ, est loin de faire l’unanimité. Plusieurs acteurs socio-politiques continuent de dénoncer un manque de transparence et un agenda caché visant à prolonger indéfiniment la période transitoire. Ces critiques se matéralisent par le boycott par certains partis du cadre de dialogue, qu’ils jugent peu inclusif et trop orienté en faveur du pouvoir en place.
La visite de DOUMBOUYA chez Hadja Aïcha BAH, actrice majeure de ce dialogue, pourrait leur paraître comme une manœuvre pour renforcer l’image d’un dirigeant qui drague ses populations en affichant sa sympathie envers des figures traditionnelles. Néanmoins, cette proximité apparente ne dissipe pas les doutes sur les réelles intentions du président de la Transition. Des soupçons de confiscation du pouvoir continuent de planer, alimentés par le rythme jugé lent des réformes et par les déclarations ambigües sur la date de la tenue des élections.
Dans ce climat de méfiance, Hadja Aïcha BAH se montre, quant à elle, résolument optimiste. « Prions pour lui ! Prions pour que cette transition se passe à merveille ! C’est ce que moi je fais matin et soir. Il m’avait promis qu’il serait venu me rendre visite. Quand il promet quelque chose, il réalise toujours ! », a-t-elle ajouté.
En exprimant sa confiance en DOUMBOUYA, elle s’oppose ainsi à ceux qui accusent le colonel de vouloir s’éterniser au pouvoir. Son discours contraste avec la position des acteurs sceptiques qui voient dans la transition actuelle un chemin potentiellement dangereux pour l’avenir démocratique du pays.
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Le geste du président de la Transition, en rendant visite à une personnalité respectée comme Hadja Aïcha BAH, pourrait renforcer sa popularité auprès d’une certaine frange de la population. Toutefois, pour que ce soutien se traduise en une transition véritablement apaisée et consensuelle, il faudra lever les ambiguïtés qui entourent la gestion actuelle et rassurer les sceptiques sur la sincérité des intentions affichées.
En attendant, ce moment de recueillement à Yimbaya symbolise la complexité d’une transition tiraillée entre soutien populaire et défiance croissante. Les opposants à la conduite de la transition ont appelé à manifester à nouveau le 5 septembre 2024, troisième anniversaire de la transition, malgré l’interdiction.
La rédaction