« La Guinée n’avait pas de fichier électoral ! »
Les travaux du Conseil consultatif permanent de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se sont ouverts mercredi (18 septembre 2024) à Paris. Le ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda KOUYATÉ, a saisi l’occasion pour exposer les actions concrètes entreprises par le gouvernement dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel. Le diplomate guinéen a donné la certitude du référendum constitutionnel prévu fin 2024 et l’organisation d’autres élections en 2025. Ce qui acte le glissement du chronogramme de la transition qui devrait prendre fin en 2024, après toutes ces consultations électorales.
Ces travaux, organisés en prélude au sommet de l’OIF prévu en octobre 2024, visaient à évaluer la situation de la Guinée, qui bénéficie d’une levée partielle des sanctions imposées par l’organisation après le coup d’État de 2021.
Un fichier électoral biométrique pour une démocratie crédible
Lors de son intervention, Dr Morissanda KOUYATÉ a mis en exergue les efforts du gouvernement guinéen pour établir un fichier électoral biométrique, une initiative cruciale pour restaurer la confiance dans le processus électoral du pays. « La Guinée n’avait pas de fichier électoral ! », a-t-il déclaré, dénonçant les manipulations politiques qui ont affecté les élections précédentes, faussant ainsi la représentation électorale. « Le corps électoral était malmené par rapport aux visions politiques, des régions voyaient leurs populations se multiplier ou diviser par rapport à leur appartenance à l’opposition d’alors ou à la majorité d’alors ».
Pour corriger cette situation, le gouvernement guinéen a lancé un vaste programme de Recensement administratif à Vocation d’État civil (RAVEC). Le ministre a affirmé que des progrès significatifs ont déjà été réalisés dans ce sens. L’objectif est de recenser l’ensemble des citoyens en âge de voter afin d’établir un fichier électoral fiable et inclusif, garantissant ainsi des élections justes et transparentes. « Le recrutement des coordinateurs régionaux et préfectoraux pour le Recensement administratif à Vocation d’État civil (RAVEC). Nous avons déjà identifié les bureaux de coordination régionale et préfectorale du RAVEC, les sites d’implantation des centres intégrés sont identifiés, le lancement de l’appel à candidature pour le recrutement de 375 superviseurs communaux, l’installation des comités de suivi et préfectoraux du PN-RAVEC sur l’ensemble du territoire national, l’acquisition de plusieurs matériels, notamment du matériel informatique dont 20 000 tablettes et accessoires en faveur d’intances de déclaration. La liste est longue mais je voudrais résumer en disant que nous avons mis en place une unité forte de gestion du Recensement administratif à Vocation d’état civil, et ce RAVEC vise en partie à recenser l’ensemble des personnes en âge de voter et d’établir un fichier électoral biométrique reflétant de manière fiable et inclusive la réalité de la population électorale guinéenne », a-t-il signifié.
Un calendrier électoral déjà fixé pour 2025
Le ministre a également évoqué le calendrier électoral qui, selon lui, devrait aboutir à « la tenue d’élections générales en Guinée » d’ici 2025. « Le calendrier tel que décliné à ce jour, devrait nous conduire à la tenue d’élections générales. Toutes les élections se tiendront en Guinée en 2025. Et, la première consultation [électorale], sera [faite] avant la fin de cette année : l’adoption de la constitution dont je viens de vous parler. Et comme, c’est au niveau de la magistrature suprême que la population et la communauté internationale – perçoivent mieux les avancées démocratiques, nous pourrions même commencer par l’élection présidentielle comme gage d’engagement », a-t-il ajouté, signalant que l’élection présidentielle pourrait être la première étape pour démontrer à la communauté internationale et à la population guinéenne la volonté de la transition de respecter les engagements démocratiques.
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Un retour progressif dans la communauté internationale
La levée partielle des sanctions de l’OIF reflète les efforts de la Guinée pour sortir de l’impasse politique et préparer un retour à la normalité institutionnelle. Cette démarche est suivie de près par la communauté internationale, qui voit dans le respect du calendrier électoral un signe tangible de la volonté de la junte de conduire le pays vers des élections libres et équitables. En exposant ces actions devant l’OIF, Dr Morissanda KOUYATÉ a cherché à convaincre les partenaires internationaux du sérieux des réformes engagées.
Le sommet de l’OIF, prévu en octobre 2024, sera un moment clé pour la Guinée, qui espère voir la levée complète des sanctions et son retour à une pleine participation au sein des instances internationales. Le chemin vers des élections crédibles et transparentes reste semé d’embûches, mais les actions présentées par le diplomate guinéen laissent entrevoir une volonté ferme du gouvernement guinéen de tenir ses engagements envers la population et la communauté internationale.
Pour rappel, les sanctions de l’OIF contre la Guinée ont été allégées vers fin juin 2024.
Saa Joseph KADOUNO