« L’indépendance n’a apporté que du bonheur. À l’époque, il n’y avait pas de chômage… »
Le président du Parti de la Révolution populaire africaine de Guinée (PR-PAG), a animé une conférence de presse ce jeudi 26 septembre 2024, pour éclairer le choix historique des Guinéens du 28 septembre 1958, lorsque le pays a dit « Non » à la communauté française, optant ainsi pour l’indépendance. Professeur de sociologie à la retraite et témoin des mouvements d’indépendance, Ismaël CONDÉ a affirmé que cette souveraineté était une étape incontournable pour restaurer la dignité de la Guinée.
Pour Ismaël CONDÉ, ce rendez-vous annuel est devenu une tradition. Chaque année, à l’approche du 28 septembre, il tente de sensibiliser la jeune génération sur l’importance de préserver l’indépendance chèrement acquise. Il a dénoncé les dangers du néocolonialisme, qu’il décrit comme une forme d’aliénation culturelle. Selon lui, cette nouvelle forme de domination vise à affaiblir la conscience nationale des jeunes Guinéens.
« On a cherché à tuer chez la jeunesse guinéenne les valeurs de notre époque : la dignité, la fierté d’être Guinéen. En développant chez vous l’idée qu’il faut regretter l’indépendance, on vous décourage à être honnête, patriote, digne et fier. Je sais que certains vont jusqu’à dire que le 28 septembre devrait être un jour de repentance. La repentance, c’est le regret. Ils voudraient que ce jour marque notre regret d’avoir rejeté la domination coloniale. Cette aliénation et cette intoxication sont malheureusement partagées par beaucoup de jeunes aujourd’hui », a-t-il dénoncé.
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Au cours de cette conférence, Ismaël CONDÉ a pris le soin d’expliquer les processus ayant mené aux indépendances africaines. Contrairement à l’idée répandue selon laquelle l’indépendance aurait retardé le développement de la Guinée, il appelle ses détracteurs à identifier les véritables causes du retard. Pour lui, l’indépendance a surtout été une source de bonheur.
« L’indépendance n’a apporté que du bonheur. À l’époque, il n’y avait pas de chômage. Je partais en vacances au Mali, et il y avait un petit bateau reliant Kankan à Bamako, qui transportait la banane produite en forêt. On formait les gens à la production agricole. Le chômage dont vous souffrez aujourd’hui et le retard de la Guinée par rapport à des pays comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, qui avaient dit “oui” au référendum, sont dus à d’autres facteurs », a précisé Ismaël CONDÉ.
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Avec son initiative, le compagnon d’Ahmed Sékou TOURÉ, premier président du pays, cherche ainsi à démontrer que le 28 septembre reste une date symbolique dans l’historique de la Guinée. Néanmoins elle génère moins d’intérêt de la part des pouvoirs publics et une partie des masses populaires, focalisés sur le 02 octobre, date de la proclamation de l’indépendance.
Mamadou Mouctar SYLLA