Le 28 septembre 1958 demeure une date emblématique dans l’histoire de la Guinée et de l’Afrique tout entière. En ce jour, le peuple guinéen, sous la direction de Sékou TOURÉ, a fait un choix historique : celui de dire « Non » à l’adhésion à la Communauté française proposée par le Général De GAULLE et, par conséquent, de réclamer son indépendance pleine et entière. Ce référendum, organisé dans les territoires sous domination coloniale française, invitait les peuples africains à choisir entre l’autonomie dans le cadre d’une communauté avec la France ou l’indépendance totale. La Guinée fut la seule à refuser de rester sous la tutelle française.
Cet acte de bravoure et de détermination a marqué un tournant dans l’histoire du continent africain. Le refus guinéen de rester dans la communauté française, malgré les pressions et les menaces de sanctions économiques, fut un message fort de dignité et de souveraineté. Sékou TOURÉ, alors leader du Parti démocratique de Guinée (PDG) et figure emblématique de cette lutte, prononça cette phrase devenue célèbre : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage ».
La réaction française ne tarda pas. En représailles, l’administration coloniale quitta la Guinée en emportant ou en détruisant tout ce qui pouvait être démantelé : infrastructures, documents administratifs, équipements. Ce fut un véritable coup dur pour le jeune État guinéen qui se retrouvait isolé sur la scène internationale. Cependant, cet isolement ne fit que renforcer la détermination du peuple guinéen à tracer son propre chemin. La Guinée devint ainsi le premier pays africain francophone à accéder à l’indépendance, ouvrant la voie à d’autres nations du continent.
Le jour du non, De GAULLE avait déjà brandit la menace : « On a parlé d’indépendance. Et bien, je le dis ici plus haut qu’ailleurs, l’indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre en disant « non » à la proposition qui lui est faite et, dans ce cas, je garantis que la métropole ne s’y opposera pas. Elle en tirera, bien sûr, des conséquences, mais d’obstacles elle n’en fera pas et votre Territoire pourra comme il le voudra et dans les conditions qu’il voudra, suivre la route qu’il voudra »
Aujourd’hui, alors que la Guinée traverse une période de transition politique, la mémoire du 28 septembre 1958 reste vive. Ce choix audacieux d’embrasser la liberté continue d’inspirer les générations actuelles. La quête d’une véritable souveraineté, politique comme économique, demeure au cœur des aspirations guinéennes, rappelant les sacrifices consentis par les pionniers de l’indépendance.
Dans un contexte mondial en pleine évolution, où les équilibres géopolitiques et économiques sont redéfinis, le souvenir de ce « Non » historique résonne comme un appel à la vigilance et à la préservation des acquis de l’indépendance. Plus de soixante ans après, le chemin parcouru par la Guinée est immense, mais les défis restent tout aussi grands.
Le 28 septembre n’est pas seulement une date commémorative pour la Guinée, c’est un rappel des luttes pour la liberté, l’indépendance et la dignité qui transcendent les frontières nationales. Le courage dont le peuple guinéen a fait preuve ce jour-là est une source de fierté nationale et un héritage inestimable pour les générations futures.