L’énigme persistante de la disparition des leaders du FNDC, plus de cent jours après leur enlèvement présumé, demeure un sombre chapitre dans l’histoire des droits de l’homme en Guinée. Les autorités continuent de nier toute implication et poursuivent leurs enquêtes, mais des témoignages convergent pour accuser les forces de défense et de sécurité d’être à l’origine de ces disparitions. Face à ce drame, la communauté internationale, pourtant prompte à condamner les atteintes aux droits humains dans des pays en transition militaire comme ceux de la zone du Sahel, semble adopter une posture timorée dans le cas guinéen.
Il est difficile de comprendre ce contraste ! Au Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à maintes reprises pour discuter des violations des droits de l’homme. Des sanctions ont été imposées ou initiées, des aides au développement ont été suspendues. Au Niger et au Burkina Faso, des mesures similaires ont été prises pour répondre à l’escalade des violences. En Guinée, en revanche, malgré la disparition des figures emblématiques du FNDC et d’autres faits troublants comme la mort suspecte de hauts gradés militaires tels que Sadiba Koulibaly ou Colonel Pépé Célestin, l’indignation internationale semble s’émousser.
L’interdiction persistante des manifestations, une atteinte flagrante à la liberté de manifester consacrée par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, ainsi que la répression meurtrière de manifestants sans justice rendue, devraient pourtant susciter des réactions immédiates et fermes. Les condamnations, quand elles existent, viennent au compte-goutte, comme celle des États-Unis, qui n’ont réagi qu’après plusieurs mois d’attente, ou de l’Union européenne, dont la voix ne s’est fait entendre qu’hier à travers sa porte-parole pour la sécurité, Nabila Masralli. Où est la France, habituellement si prompte à conditionner ses relations à la défense des droits humains ?
L’ONU, certes, a exprimé quelques fois sa préoccupation, mais cela reste insuffisant. L’inaction des grandes puissances face à la situation guinéenne soulève des questions sur la constance des principes qui guident leurs interventions dans les crises internationales. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? Est-ce un manque d’intérêt stratégique ? Ou les violations en Guinée sont-elles moins graves aux yeux de ces instances, comparées à celles des autres pays en transition militaire ?
La pression internationale, lorsqu’elle est exercée, peut avoir des conséquences réelles. Les exemples du Mali, du Burkina Faso et du Niger montrent que la réduction ou la suspension des aides au développement est un levier puissant pour contraindre les régimes militaires à respecter les droits humains. Alors, pourquoi la Guinée échappe-t-elle à cette logique ? L’histoire jugera sévèrement cette inaction, et les familles des disparus attendent toujours des réponses.
Il importe de préciser que nous ne voulons, en aucun cas, insinuer que l’aide au développement devrait être ccoupée la Guinée.
L’opacité et l’indifférence, entre guillemets, tacite des instances internationales face à ces disparitions mettent en lumière une hypocrisie flagrante qui mérite d’être dénoncée. Le silence équivaut à de la complaisance, et chaque jour qui passe sans qu’une enquête sérieuse ne soit menée est une tache indélébile sur la conscience internationale.
Le témoignage présumé de Mohamed CISSÉ devrait être un point d’appui de la justice guinéenne, bien que banalisée par les autorités.