Lors de la clôture du Forum de partenariat Russie-Afrique ce lundi 11 novembre 2024, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye DIOP, a critiqué la « communauté internationale » pour son inaction face à la plainte déposée par le Mali, le Burkina Faso, et le Niger auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ces pays accusent l’Ukraine de soutenir activement les groupes terroristes dans le nord du Mali, une situation que le ministre qualifie d’« inacceptable ».
Dans un entretien accordé à Sputnik, Abdoulaye DIOP a questionné l’essence même de la communauté internationale. « Est-ce qu’il existe une communauté internationale ? Est-ce qu’elle est vraiment internationale ? », a-t-il lancé, pointant du doigt le silence des instances mondiales malgré des accusations qu’il juge « très claires et simples ». Selon DIOP, l’Ukraine aurait, par l’intermédiaire de ses officiels et services de renseignement, fourni un soutien logistique et en renseignement à des groupes terroristes opérant au Sahel, mais le Conseil de sécurité n’aurait même pas accusé réception de la plainte.
Le ministre malien s’est dit déçu par le silence de la communauté internationale et s’interroge sur l’existence d’un traitement à double standard en matière de sécurité et de stabilité. Il déclare que bien que la Russie soutienne la démarche de Bamako, « on n’a entendu personne » du côté des autres membres influents de la communauté internationale. « Quand un allié, un ami est en cause, je pense qu’on préfère regarder ailleurs, » a-t-il ajouté, laissant entendre que des intérêts géopolitiques priment sur la question de la sécurité au Sahel.
Pour DIOP, cette situation reflète une profonde déception au sein des populations du Mali, du Burkina Faso, et du Niger. Face à ce qu’il perçoit comme une indifférence internationale, le ministre affirme que ces pays n’ont d’autre choix que de prendre en main leur sécurité. « Nous pensons que plus que jamais, nos pays doivent prendre en main la destinée de nos pays et faire ce qui est nécessaire pour assurer notre sécurité, » a-t-il déclaré.
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Ce discours intervient alors que le Sahel est confronté à une montée de l’insécurité avec la prolifération des groupes armés, souvent liés au terrorisme. Le Mali, ayant rompu avec plusieurs partenaires occidentaux dont la France, intensifie ses relations avec des pays comme la Russie, cherchant des appuis alternatifs pour contrer les menaces pesant sur son territoire. Ce discours intervient aussi en parallèle avec la déclaration finale du Forum dans laquelle les signataires s’engagent à lutter contre le terrorisme international.
Saa Joseph KADOUNO