Le mercredi 20 novembre 2024, Choguel Kokalla MAÏGA, Premier ministre du gouvernement de transition malien, a été démis de ses fonctions avec plusieurs autres membres de son gouvernement par décret du président de la transition, Général Assimi GOÏTA. Cette décision marque un tournant politique majeur pour le Mali. Elle soulève des questions sur les causes et les implications de ce limogeage.
Une figure controversée au cœur de la transition
Choguel Kokalla MAÏGA, chef de file du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), a été nommé Premier ministre le 7 juin 2021, dans un contexte de grande instabilité politique. Quand la colère populaire s’est déclenchée contre le défunt président, Ibrahim Boubacar KÉÏTA, il est l’un des opposants réunis au sein du Mouvement du 5 Juin (M5) arrêtés et conduits en prison dans la soirée de ce 10 juin 2020.
La tension n’est pas retombée et ils sont relâchés quelques jours plus tard. Après le premier coup d’État, il refuse de rejoindre le gouvernement civile de Mouctar OUANE sur proposition de Bah N’DAW, président de la transition, au motif que ceux-ci ne se sont pas inscrits dans la logique de la rupture notamment avec l’ancienne métropole (la France) voulue par le peuple.
Après le second coup d’État contre ces derniers, Assimi GOÏTA le nomme Premier ministre. Il s’est rapidement imposé comme un fervent défenseur de la souveraineté nationale, critiquant sans détour la France et d’autres partenaires occidentaux tout en louant les liens avec des puissances comme la Russie.
Toutefois, son style de gouvernance et son discours tranchant ont alimenté des tensions au sein de l’appareil d’État.
Les raisons possibles du limogeage
Le départ de Choguel Kokalla MAÏGA pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs :
• Divergences internes : Des désaccords avec le président Assimi GOÏTA sur la conduite de la transition auraient exacerbé les tensions. Ces différends pourraient concerner la gestion des élections prévues pour 2024. Dans un discours prononcé lors d’un meeting du M5 le 16 novembre 2024, il a dénoncé son exclusion des décisions importantes par les autorités actuelles.
• Résultats mitigés : malgré ses ambitions affichées, le bilan de Choguel reste contrasté. Les avancées sur le plan militaire, notamment grâce à l’appui de Wagner, n’ont pas permis de stabiliser durablement le pays. Sur le plan économique, les sanctions de la CEDEAO et les difficultés budgétaires ont pesé lourdement sur le quotidien des Maliens.
Un avenir incertain pour la transition
Le limogeage de Choguel Kokalla MAÏGA intervient à un moment critique pour le Mali, alors que le pays s’approche de l’échéance des élections promises. Ce départ pourrait permettre au président GOÏTA de resserrer les rangs et de repositionner la transition dans une dynamique plus consensuelle. Cependant, il risque également de fracturer davantage la scène politique malienne, où Choguel conserve une base de soutien solide.
la chute de ce « faucon » illustre les fragilités d’une transition sous pression internationale.
Saa Joseph KADOUNO