Après le Mali en 2022 et le Niger en 2023, un nouveau coup dur vient d’être porté à la présence militaire française en Afrique. Ce 28 novembre 2024, le gouvernement tchadien a annoncé, par voie de communiqué, la fin de l’accord de coopération en matière de défense avec la France. Ce partenariat, révisé en septembre 2019, était destiné à renforcer les capacités sécuritaires des deux pays.
Une rupture aux accents de souveraineté
Dans son communiqué, N’Djaména justifie cette décision comme une étape décisive dans l’affirmation de sa souveraineté nationale. « Plus de 66 ans après » son « indépendance », le Tchad estime qu’il est temps de redéfinir ses priorités stratégiques et de nouer des partenariats plus en phase avec ses besoins.
Tout en s’engageant à respecter les termes de l’accord, notamment en ce qui concerne le délai de préavis, les autorités tchadiennes ont insisté sur leur volonté de maintenir des relations amicales et historiques avec la France. « Cette décision ne remet en aucun cas en question les relations historiques et les liens d’amitié entre les deux nations », peut-on lire dans le document signé par le ministre des Affaires étrangères, Abderaman KOULAM.
Une nouvelle défiance envers la France
Cette annonce survient dans un contexte régional marqué par une montée en puissance des mouvements souverainistes anti-politique française, « néoclonialiste ». Après les retraits forcés de Barkhane au Mali en 2022 et du Niger en 2023, ce nouvel épisode s’inscrit dans une série de ruptures entre Paris et ses anciennes colonies africaines. Les arguments avancés sont similaires : une volonté des États africains de se réapproprier leur souveraineté sécuritaire et de diversifier leurs partenariats stratégiques.
La France, autrefois perçue comme un allié incontournable en matière de lutte contre le terrorisme, voit son influence s’éroder au Sahel. La montée des coopérations avec d’autres puissances, notamment la Russie et la Chine, ainsi qu’une volonté affirmée des gouvernements africains de privilégier des solutions locales, redessinent profondément les équilibres géopolitiques de la région.
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Un futur incertain pour les relations franco-tchadiennes
Si le Tchad assure vouloir maintenir des relations constructives avec la France dans d’autres domaines, la fin de cet accord marque indéniablement une cassure dans leur coopération historique. La transition promise pour une résiliation harmonieuse de l’accord sera-t-elle suffisante pour préserver des relations apaisées ?
Le Tchad entre dans une nouvelle ère de sa vie politique en affirmant son autonomie tout en laissant entrevoir des incertitudes quant à ses futures alliances stratégiques. Une chose est certaine : cette décision, après celles du Mali et du Niger, pourrait sonner comme un nouveau signal fort pour le désengagement militaire français en Afrique subsaharienne.
Il convient de préciser que Paris n’a pas encore pris la parole sur cette décision. En pareille cas, la langue devient très lourde à soulever, surtout quand on sait qu’Emmanuel MACRON a adoubé le président de la transition tchadienne alors qu’il a diabolisé ceux du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Saa Joseph KADOUNO