Lors d’un entretien accordé à Guineepanorama.com ce vendredi 6 décembre 2024, Me Frédéric Foromo LOUA, Directeur exécutif de l’ONG Les Mêmes Droits pour Tous (MDT), a réagi avec indignation au bilan de 135 morts et des centaines de blessés suite au drame survenu lors de la finale du tournoi doté du trophée Mamadi DOUMBOUYA à N’Zérékoré. À travers ses propos, il a dénoncé la responsabilité des autorités et appelé à une justice exemplaire pour les victimes qu’il promet d’organiser en association pour la bataille judiciaire.
Avec fermeté, Me Frédéric LOUA a annoncé la volonté de son ONG et du consortium auquel elle appartient d’organiser les victimes en association afin de les accompagner dans leur quête de justice. « Nous allons organiser les victimes en association. Cette association va être suivie par nos organisations. Lorsqu’il va être question de porter plainte, nous serons partie civile », a-t-il affirmé.
Pour Me LOUA, les autorités ont failli à leur propre règlement en violant une interdiction de manifestations décrétée par le CNRD. « Les autorités ont violé leur propre communiqué en organisant ce tournoi sans prendre le soin de préparer les mesures sécuritaires adéquates », a-t-il déclaré.
Il a expliqué que la tragédie a été déclenchée par un incident mineur auquel les forces de sécurité présentes sur place ont répondu par des gaz lacrymogènes, provoquant une panique généralisée dans un « stade bondé de monde ».
« Les autorités, selon lui, ont aggravé la situation en forçant leur passage avec leurs véhicules, contribuant au chaos meurtrier.Et puis, les autorités, prise de panique, plutôt que d’attendre que les gens sortent, sont rentrées dans leurs véhicules et ont forcé le passage au milieu de cette foule en débandade », affirme-t-il.
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Reconnaissant l’importance des enquêtes ouvertes par les autorités, Me LOUA a néanmoins insisté sur la nécessité pour les organisations de défense des droits humains de poursuivre leurs propres investigations. « Nous allons continuer notre enquête sur le terrain pour produire un rapport consistant qui puisse aider lorsqu’il sera question de juger cette affaire », a-t-il assuré.
Pour lui, les organisateurs de ce tournoi, notamment l’Association des Jeunes Leaders de la Forêt, ainsi que leurs parrains membres du gouvernement, doivent être tenus responsables de cette tragédie.
Interrogé sur la l’ilégalité de l’organisation du tournoi malgré l’interdiction des manifestations, Me Loua a été catégorique : « Celui qui édicte une mesure doit être le premier à la respecter. Le CNRD, en autorisant ce tournoi à des fins propagandistes, s’est mis du mauvais côté de la loi. Il faut que justice soit faite. »
Il a rappelé les événements du 28 septembre 2009, qui ont abouti à des poursuites judiciaires, soulignant qu’un traitement équitable exige que cette nouvelle affaire connaisse également une suite judiciaire.
« C’est le CNRD qui a interdit les manifestations, mais comment est-ce que, pour les mouvements de propagande du régime, on peut violer ses propres interdits ? En le faisant, on se met du mauvais côté de la loi. Donc, quand c’est comme ça, on assume la responsabilité. Rappelez-vous qu’on ne parle pas de dizaines mais des centaines de morts, des centaines d’autres blessés. Il faut que justice soit faite – Vous vous rappelez les événements du 28 septembre 2009 ont connu une suite judiciaire. Il n’y a pas de raison que connaisse pas une suite judiciaire d’autant plus que c’est les mêmes contextes politiques et sociales et c’est encore dans le même pays. Donc, pour une question d’équité et de justice, il est normal que cette affaire soit jugée », prétend l’avocat.
Concernant les rumeurs de corps déportés au camp militaire de N’Zérékoré, Me Frédéric a plaidé pour une totale transparence des autorités. « Tout ce que nous demandons, c’est que les autorités soient ouvertes aux enquêtes pour garantir un rapport sincère et acceptable », a-t-il déclaré.
Ce drame, l’un des plus graves survenus en Guinée ces dernières années, continue de susciter une vive émotion au sein de la société civile et des organisations de défense des droits de l’Homme. Alors que les familles des victimes pleurent leurs proches, les ONG, à l’image de MDT, s’activent pour garantir que ce tragique événement ne soit pas relégué aux oubliettes.
Aly Pires CAMARA