La Confédération des États du Sahel (AES) a annoncé, dans une déclaration ferme en date du 22 décembre 2024, la mise en « état d’alerte maximale » de ses forces de défense et de sécurité. Cette décision intervient en réaction à la résolution adoptée lors du 66e sommet de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenue le 15 décembre 2024, concernant le retrait annoncé du Mali, du Burkina Faso et du Niger de cette organisation régionale.
Alors que les trois États membres de l’AES affirment le caractère « irréversible et immédiat » de leur sortie de la CEDEAO, l’organisation régionale a surpris en accordant un moratoire de six mois, invoquant le besoin de médiation. Une démarche que le Collège des Chefs d’État de l’AES considère comme une « énième tentative » destinée à maintenir ces pays sous influence étrangère, notamment celle de la France.
La déclaration de l’AES dénonce ce qu’elle qualifie de « manœuvres unilatérales » visant à entraver un processus qu’elle considère comme légitime et souverain. Elle regrette également que, selon elle, certaines nations de la CEDEAO soient manipulées par des agendas étrangers, en dépit des enjeux de sécurité cruciaux dans la sous-région.
Dans sa déclaration, l’AES pointe du doigt une « junte française » qu’elle accuse de réorganiser ses forces en Afrique pour poursuivre des « velléités néocoloniales ». La confédération affirme que sous le prétexte d’une fermeture de bases militaires françaises, des dispositifs plus discrets mais tout aussi influents se mettent en place. « Aussi, le Collège des Chefs d’État suit avee une grande attention les manœuvres de tromperie initiées par la junte française, prétextant de fermer scs bascs militaircs dans certains pays africains, pour les remplacer par un dispositif moins visible mais poursuivant la même velléité néocoloniale ».
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En outre, l’AES s’inquiète de la réorganisation et du regroupement de groupes terroristes dans des zones sensibles comme le bassin du lac Tchad, le Sahel et les frontières entre plusieurs pays (Niger-Nigeria, Niger-Bénin, Niger-Burkina, etc.). Ces actions, selon la confédération, bénéficient de financements et d’un soutien étrangers.
« A ces activités, s’ajoutent des opérations de réorganisation et de regroupement dc groupes terroristes dans le Bassin du Lac Tchad, dans Ie Sahel et dans certaines zones frontalières à savoir Niger-Nigcria Niger-Bénin Nigcr-Burkina Bénin-Burkina. Ceux-ci reçoivent de la part d’Etats étrangers des appuis divers, notamment financiers et des moyens logistiqucs visant à déstabiliser l’AES », disent-ils.
Pour contrer la menace, le Collège des Chefs d’État de l’AES a pris plusieurs mesures décisives. « …mettre les forces de défenses et de sécurité en état d’alerte maximale ; faire de l’espace confédéral un théâtre unique d’opérations militaires, coexistant avec lcs théâtres militaires nationaux en cours ;
appelle les populations de I’AES à redoubler de vigilance ; à dénoncer systématiquement tout fait suspect aux forces de sécurité ; et à rejeter les propositions d’enrôlement au sein des groupes teroristes. »
La décision de l’AES de renforcer son dispositif sécuritaire témoigne d’une volonté de préserver son indépendance face à des influences qu’elle considère nuisibles, tout en affirmant son rôle dans la lutte contre le terrorisme et les ingérences extérieures. La médiation annoncée par la CEDEAO pourrait-elle apaiser les tensions, ou est-elle vouée à échouer face à des positions désormais irréconciliables ? L’avenir de la sous-région reste incertain.
Saa Joseph KADOUNO