À quelques jours de l’échéance fixée pour la fin de la Transition en Guinée, le débat sur le maintien des représentants des organisations de la société civile et des partis politiques au sein du Conseil National de la Transition (CNT) se pose. Le Coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG), Abdoul SACKO, que nous avons interrogé sur la question, a livré une réponse critique et sans concessions sur la situation actuelle. Tout en dénonçant les dérives de la gouvernance transitoire, l’activiste appelle à une analyse globale des responsabilités à tous les niveaux.
Une absence assumée au sein du CNT
D’entrée, le Coordinateur du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG) a tenu à clarifier sa position vis-à-vis du CNT. « Nous n’avons pas désigné et n’avons pas de représentants au CNT et même au-delà », a déclaré Abdoul SACKO.
Cette prise de distance traduit une méfiance envers cette institution, qu’il accuse d’avoir été conçue pour des ambitions personnelles et non pour répondre aux aspirations des Guinéens. « Il y a des acteurs issus de la société civile au CNT, mais parler de représentants agissants au compte ou en fonction des vertus de la société civile au CNT, reste assez complexe au regard même de la manière très opaque dont le choix a été opéré par on ne sait qui et comment« .
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Pour SACKO, la question du maintien des membres du CNT est secondaire par rapport à la nécessité d’une évaluation critique de la Transition dans son ensemble. « …nous estimons que l’analyse de la situation à date en terme de fin de mission à compter du 31 decembre 2024, au regard de l’échec multidimensionnel de la Transition actuelle, doit être transversale à tous les aspects de la Gouverance, à commencer par le Président de la transition jusqu’à la plus petite responsabilité transitoire », a-t-il indiqué.
Un échec multidimensionnel
Le Coordinateur du FFS dresse un tableau accablant des 24 mois de Transition, dénonçant un « recul social, sécuritaire, humanitaire, judiciaire et économique ». Il pointe plusieurs aspects préoccupants « Car, à part les intérêts personnels ou, disons les privilèges, il n’y a rien qui puisse justifier le maintien à un quelconque poste, institionnel ou politique, au regard du recul social (perte de repère moral), sécuritaire (enlèvement ou disparitions forcées jamais vu en Guinée), humanitaire (des drames sans réponses sur les origines et les bilans), libertés (retrait d’agréments de média, coupure d’internet, interdiction de manifestation de protestation), judiciaire (pertes en vies humaines, des arrestations et détention sans procédures normales) et économiques (pauvreté croissante de façon généralitée à tous les niveaux de vie nationale) ».
Pour l’activiste, il est impératif que chaque responsable impliqué dans la Transition fasse preuve d’éthique et de patriotisme. « C’est une question d’éthique, d’objectivité et de patriotisme face à l’histoire pour chaque Guinéen qui occupe une portion de responsabilité actuellement », martèle-t-il, dénonçant les intérêts personnels qui dominent les prises de décisions. Il estime qu’aucun responsable, qu’il soit institutionnel ou politique, ne peut légitimement rester en poste face à cet échec généralisé.
Au-delà du cas du CNT, Abdoul SACKO plaide pour une remise en question globale de la gouvernance. Il appelle à « mettre un terme à cette gouvernance des drames, des larmes, des peurs, des humiliations et de la paupérisation sans réponse, ni perspectives crédibles de solutions ».
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Alors que l’échéance approche, ces propos résonnent comme un appel à la responsabilité collective, invitant les Guinéens à repenser les fondements de leur gouvernance et à exiger une Transition plus transparente et inclusive.
Saa Joseph KADOUNO