« …sa vie est toujours en danger… »
Abdoul SACKO, dont la notoriété n’est plus à présenter, a été retrouvé ce jeudi 20 février 2025 après avoir été enlevé à l’aube du mercredi 19 février 2025. Dans une interview exclusive, Me Almamy Samory TRAORÉ, l’un des avocats de SACKO, a apporté des éclaircissements troublants sur les circonstances de cet enlèvement et l’état critique dans lequel il a été retrouvé.
Un sauvetage, mais dans des conditions alarmantes
« D’abord, c’est un soulagement quand on l’a retrouvé en vie », confie Me TRAORÉ. Cependant, l’avocat décrit un tableau saisissant de violence et de brutalité : « Il a été torturé de partout – il avait été ligoté – c’est pourquoi dès les premiers contacts, il était question qu’on puisse l’emmener dans une clinique pour qu’il reçoive les soins, parce que sa vie est toujours en danger, sa sécurité n’est toujours pas bien assurée. »
Le rapport médical, qui reste attendu, déterminera précisément l’étendue des blessures et orientera la suite des soins.
Des menaces explicites et un abandon en pleine brousse après la torture
Selon Me TRAORÉ, Abdoul SACKO a été abandonné par ses ravisseurs en pleine brousse, aux abords de Forécariah. Ce lieu isolé, propice aux actes de violence, est le théâtre d’un drame encore plus inquiétant lorsqu’on connaît les paroles prononcées par les kidnappeurs : « La prochaine fois qu’on va te prendre, on va t’éliminer. »
L’inaction de l’État
L’avocat déplore également le manque de réaction des autorités, malgré la plainte déposée par son client pour menace de disparition forcée. « Abdoul avait alerté à travers la plainte, il n’y a pas eu d’action de ce genre – la menace a été mise en exécution. »
Pour Me TRAORÉ, c’est désormais à l’État de remplir son rôle régalien en assurant la protection de ses citoyens, conformément à la Charte de la transition et aux conventions internationales ratifiées par la Guinée. Dans cette optique, il prévoit de prendre contact rapidement avec le procureur de la République du ressort afin d’engager des poursuites pour diverses infractions.
Des interrogations sur l’origine de l’enlèvement
L’enquête devra également déterminer si l’arrestation de SACKO pourrait être liée à son activité. L’avocat précise que, malgré l’aspect brutal de l’enlèvement, le mode opératoire suggère que les auteurs ne sont pas de simples bandits. « Les personnes qui l’ont enlevé chez lui – il n’a pas pu les identifier clairement, même si certains portaient des pantalons en tréllis, des t-shirts noirs et des gilets pare-balles, et étaient armés – le mode opératoire nous dit que ça ne peut pas être un bandit. Abdoul SACKO n’est pas quelqu’un de riche ! » (rires)
Vers une réaction judiciaire imminente
Face à l’ampleur des faits et aux multiples infractions potentielles, Me TRAORÉ affirme qu’il collaborera étroitement avec les services compétents pour que justice soit faite. « Nous allons prendre contact avec le procureur de la République pour porter plainte formellement et engager des poursuites. Il appartiendra aux services compétents de l’État de mener des enquêtes idoines pour identifier les personnes et assurer la sécurité d’Abdoul. »
Cette affaire rajoute les inquiétudes quant à la sécurité des citoyens et à la réactivité de l’appareil judiciaire guinéen. À date, quatre personnes dont un ancien administrateur sont toujours portées disparues. Il s’agit des deux leaders du FNDC (Foniké Menguè et Mamadou Billo BAH), Sadou NIMAGA et Habib Marouane CAMARA.
Il est à rappeler que les autorités ont mainte fois décliné leur responsabilité dans ces disparitions, en annonçant des enquêtes dont les résultats sont toujours très attendus.
Saa Joseph KADOUNO