Le Barreau de Guinée a décidé de boycotter toutes les audiences jusqu’au 31 juillet 2024 en réponse à l’arrestation d’Oumar SYLLA, alias « Foniké Menguè », Mamadou Billo BAH et Mohamed CISSÉ, trois leaders du Front ational pour la Défense de la Constitution (FNDC). L’annonce a été faite à l’issue d’une Assemblée générale tenue ce mardi, 16 juillet 2024.
« …, à compter de ce jour [mardi, 16 juillet 2024], nous observons un boycott total de toutes les audiences et sur toute l’étendue du territoire national jusqu’au 31 juillet [2024] à 23h59… », a déclaré le porte-parole du Barreau, Me Faya Gabriel KAMANO.
Il s’agit donc d’un passage à l’acte. Dans sa déclaration du 11 juillet 2023, le Barreau a donné aux autorités jusqu’au 12 juillet pour présenter les leaders du FNDC à un tribunal compétent. Après cinq jours, cet appel n’a pas été entendu.
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L’arrestation sans mandat et dans des conditions jugées arbitraires, des leaders du FNDC, a provoqué l’indignation parmi les avocats guinéens. Les activistes ont été arrêtés le 9 juillet 2024 par des hommes en uniforme encagoulés et lourdement armés, et sont depuis détenus dans un lieu inconnu, inaccessible à leurs familles et à leurs avocats.
Le Barreau de Guinée condamne fermement ces pratiques. « Depuis un certain temps, nous remarquons que des citoyens sont victimes d’arrestations et de détentions extrajudiciaires. C’est-à-dire qu’ils sont interpellés et détenus sans aucune forme légale et le plus souvent, des citoyens sont interpellés par des agents encagoulés sans convocation préalable, qui ne sont munis d’aucun mandat de justice. Et lorsqu’ils sont interpellés, ils sont gardés au secret, sans possibilité pour eux d’accéder à leurs conseils, donc à leurs avocats et à leurs parents. Et le pire de tout ça, il y en a qui sont bénéficiaires des décisions de justice, mais qui continuent à être gardés au secret, sans possibilité pour eux de rencontrer leurs avocats », explique l’avocat, indiquant que chacun peut subir un tel sort. « Et aujourd’hui, nul n’est à l’abri de tout ça ».
En plus du boycott, le Barreau de Guinée a promis de se constituer partie civile pour défendre les intérêts des leaders du FNDC et toutes les personnes arrêtés dans des circonstances similaires, conformément aux dispositions de l’article 27 de la Loi 014 régissant la profession d’avocats en République de Guinée. Aux termes de cet article, le Barreau dispose la qualité « de la personnalité civile » et « peut se constituer d’office partie civile dans les cas de violation fla- grante des droits de l’homme ».
Saa Joseph KADOUNO