L’agriculture est aujourd’hui considérée comme un vecteur essentiel de développement. En Guinée, ce secteur attire de plus en plus d’individus. Cependant, nombreux sont ceux qui manquent de ressources pour pleinement s’engager. Béka KÉÏTA, un planteur d’ananas dans la gare de Friguiagbé, a partagé son expérience avec l’un de nos reporters.
Âgé d’une soixantaine d’années et père de plusieurs enfants, Béka KÉÏTA se consacre à l’agriculture depuis de nombreuses années. Bien qu’il cultive plusieurs produits, sa principale activité reste la plantation d’ananas. Selon lui, les terres fertiles ne manquent pas dans la région, mais le manque de moyens constitue un frein majeur à son expansion.
« Je me débrouille dans la plantation de l’ananas. Quant au nombre de plants, il y en a un peu. Nous avons des terres fertiles, mais le manque de moyens nous bloque. C’est pourquoi on ne peut pas exploiter de grandes surfaces. Il y a des hectares au bord des rivières, mais si les moyens ne te permettent pas, tu ne peux pas », a-t-il indiqué.
En plus du manque de moyens financiers, ce passionné de la terre est également confronté à la cherté des engrais. Bien que l’État ait fixé le prix d’un sac de 50 kg d’engrais à 300 000 GNF sur toute l’étendue du territoire national, Béka Keïta souligne une réalité différente.
« Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés concernent principalement les engrais. Nous travaillons avec des moyens rudimentaires. Après le passage de la charrue, il faut engager des personnes pour terminer le travail. Pour 10 000 pieds, il nous faut dix sacs d’engrais du début jusqu’à la fin. Mais le prix d’un sac d’engrais n’est pas stable. Il peut varier, même l’urée peut aller jusqu’à 500 000 GNF ou 380 000 GNF, et le 15-15 coûte entre 380 000 et 400 000 GNF. Pour les potagers, ça peut atteindre jusqu’à 750 000 GNF. Cela constitue un fardeau pour les agriculteurs de Friguiagbé Gare. Ceux qui sont chargés de distribuer l’engrais ne sont pas sérieux. L’État devrait s’impliquer plus profondément », a-t-il fustigé.
Pour vérifier ces prix, nous nous sommes rendus dans un magasin d’engrais alimenté par l’État, où nous avons acheté un sac d’engrais de 50 kg au prix de 315 000 GNF.
Mamadou Mouctar SYLLA