Le bateau thermique a accosté au port autonome de Conakry, jeudi, 15 août 2024. Cette centrale flottante, venue de Turquie, ambitionne de renforcer la fourniture d’électricité dans le Grand Conakry, confrontée à des coupures intempestives depuis plusieurs mois. Des acteurs politiques comme le président de l’UPAG, demandent des comptes aux autorités.
Alors que le gouvernement guinéen présente cette initiative comme une réponse à la crise énergétique persistante, elle suscite des interrogations chez de nombreux acteurs politiques. Parmi eux, Cheick Oumar TRAORÉ, président de l’Union des Patriotes Africains de Guinée (UPAG), salue certes l’arrivée de la centrale, mais exprime des doutes sur les conditions entourant son acquisition.
« Sachant que cette problématique de desserte en électricité est devenue un véritable casse-tête qui gangrène la qualité de vie des Guinéens, on pourrait naturellement se réjouir de l’arrivée de cette centrale flottante. Cependant, il convient de rester prudent. Nous ne sommes pas encore suffisamment éclairés sur les modalités d’acquisition de ce navire. Si c’est pour reproduire les erreurs que nous avons déjà connues sous le régime d’Alpha CONDÉ, alors nous risquons de tourner en rond. Qu’on nous dise officiellement ce que cette centrale va coûter au contribuable guinéen et qu’on nous prouve qu’elle n’est pas simplement une solution de façade pour calmer les esprits. Il faut que ce soit le début d’une série de solutions durables pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce problème d’électricité. Je rappelle que la Guinée dispose d’un potentiel électrique estimé à plus de 6 000 MW », a-t-il martelé.
Malgré les milliards de dollars investis depuis le précédent régime dans l’amélioration de la désserte en électricité, les résultats peinent à se concrétiser. Pour cet universitaire, il est urgent d’adopter une vision plus globale et stratégique pour ce sous-secteur de l’énergie
« Des sommes colossales provenant du contribuable guinéen ont été gaspillées dans des projets d’électrification qui n’ont pas produit les résultats escomptés. Nous risquons de rester dans l’impasse si nos décideurs ne comprennent pas qu’il faut :
1. Une vision claire, soutenue par une volonté politique d’investir sérieusement dans ce secteur.
2. Une planification rigoureuse à travers des projets ciblant la production, le transport et la distribution de l’électricité.
À court terme, un plan de redressement pourrait inclure des investissements publics et privés nationaux, la réhabilitation des centrales thermiques, la réparation des réseaux défectueux et l’installation de panneaux solaires photovoltaïques pour équiper les bâtiments publics (hôpitaux, écoles, universités, prisons, administrations, etc.) en électricité pendant la journée.
Sur le long terme, il est essentiel de valoriser notre potentiel hydroélectrique dans le cadre de partenariats public-privé nationaux, en révisant le cadre légal pour permettre une plus grande implication du secteur privé national, tant dans l’investissement que dans la gestion », a-t-il préconisé.
Il est à noter que ce navire, dont l’exploitation est prévue à partir du 24 août 2024, devrait fournir une capacité de 115 mégawatts, selon des sources du ministère de l’énergie approchées par notre rédaction
Mamadou Mouctar SYLLA