Le gouvernement guinéen vient de lever un coin de voile sur le calendrier électoral, mais les précisions apportées par son porte-parole, ce mercredi 29 janvier 2025, tranchent avec les déclarations faites en septembre dernier par le ministre des Affaires étrangères. Alors que ce dernier assurait que toutes les élections se tiendraient en 2025, le discours officiel semble désormais plus nuancé, suggérant un étalement des scrutins sur deux ans.
Un référendum constitutionnel comme première étape
D’après le porte-parole du gouvernement, la première échéance électorale sera le référendum constitutionnel, prévu avant la fin du premier semestre 2025. Ce scrutin, placé sous l’instruction du chef de l’État, nécessite l’adoption d’un cadre juridique spécifique. « Dans un premier temps et sur instruction du Chef de l’État, avant la fin du premier semestre, c’est l’élection référendaire. Pour ça, il faut un cadre [juridique] spécifique – il faut une loi spécifique qui doit organiser le référendum », a-t-il précisé, soulignant que le fichier électoral en cours de construction à travers le RAVEC sera utilisé pour cette consultation populaire.
Dans cette optique, il a exhorté les citoyens à accorder une attention particulière à leur enrôlement sur les listes électorales. « Nous encourageons les journalistes, les acteurs de la société civile, les acteurs politiques pour que les Guinéens s’intéressent » à ce processus, a-t-il insisté.
Autre élément clé : l’organe chargé de la gestion des élections. Contrairement aux attentes, sa structure et son mode de fonctionnement ne sont pas encore définis. « On ne peut pas à ce stade parler de l’organe de gestion des élections alors que la constitution doit créer cet organe », a-t-il expliqué, laissant entendre que la future Loi fondamentale déterminera si cette mission reviendra au ministère de l’Administration du Territoire ou à une institution spécifique. « …c’est la constitution qui va le dire et toutes les institutions qui vont en découler y compris la loi pour le code électoral. (…) Je pense que c’est la tendance. C’est [sur la base de] cette tendance que le ministre de l’Administration du Territoire nous a présentés son projet de loi qui va encadrer l’élection référendaire dont les grandes lignes vont être présentées très prochainement. Hier c’était le sujet du conseil interministériel », a-t-il déclaré.
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Un calendrier électoral à revoir
Au-delà du référendum, l’organisation des autres scrutins s’annonce plus complexe. Le gouvernement admet que tenir toutes les élections en 2025, comme annoncé précédemment, est peu probable. « Si on arrive à faire le référendum au mois de mai, ça va être difficile d’enchaîner tout de suite avec l’élection présidentielle », a averti le porte-parole.
L’adoption du code électoral, qui devrait suivre le référendum, prendrait « au moins trois semaines », reportant ainsi l’organisation de la présidentielle à juin. Or, selon lui, il est « impossible d’organiser des élections en Guinée au mois de juillet, au mois d’août, peut-être même septembre ! », en raison de la forte pluviométrie certainement.
Dès lors, il envisage plutôt une séquence électorale qui s’étendrait jusqu’en 2026. « Il faut partir soit en septembre, octobre pour que les élections suivantes se tiennent », a-t-il avancé, suggérant que seules deux élections majeures pourraient se tenir en 2025, les autres étant reportées à l’année suivante.
Une contradiction avec les annonces précédentes
Si l’option d’un regroupement de toutes les élections en une seule date a été évoquée, elle reste incertaine. « Ça, c’est un autre choix que je ne peux pas dire aujourd’hui », a conclu le porte-parole, confirmant que l’organisation des scrutins devrait suivre un ordre séquentiel.
Cette nouvelle approche entre en contradiction avec les engagements pris en septembre dernier par le ministre des Affaires étrangères, qui affirmait que « toutes les élections » se tiendraient avant la fin de l’année 2025. Ce revirement renforce davantage les accusations de confiscation du pouvoir proférées par l’opposition. Pour l’heure, l’incertitude d’un retour à l’ordre constitutionnel demeure, et avec elle, la crainte d’un glissement du calendrier initialement promis.
Saa Joseph KADOUNO