Conakry, la capitale guinéenne, devient méconnaissable pendant les périodes de grandes pluies. Les inondations frappent plusieurs quartiers, transformant la ville en un véritable champ de ruines. Léopold TRAORÉ, expert en environnement, explique ce phénomène par plusieurs facteurs, notamment le manque de drainage et la construction anarchique.
Des inondations récurrentes et des destructions de maisons sont les caractéristiques principales de la période de juillet à septembre à Conakry. Joint au téléphone ce samedi 31 août, Leopold TRAORÉ, environnementaliste, donne les raisons de cette situation alarmante : « Le caractère des précipitations et l’importance du réseau hydrographique national font qu’en Guinée, à chaque saison des pluies, on enregistre plusieurs cas d’inondations. La ville de Conakry a connu une forte concentration démographique ces dernières décennies, entraînant une urbanisation anarchique qui a ignoré le plan cadastral, d’où la problématique de l’inondation pluviale. La récurrence de ce phénomène est due à plusieurs facteurs, notamment le manque de canaux de drainage, la gestion inefficace des déchets, ainsi que la construction de bâtiments dans les plaines inondables et le long des berges des rivières, aggravant la situation. »
Pour lutter contre ce phénomène de plus en plus inquiétant, l’expert propose plusieurs solutions :
– Créer ou restaurer des surfaces végétalisées.
– Favoriser des revêtements perméables tels que des sols naturels, des surfaces d’écorces, des pavés, des dalles alvéolaires, ou encore des surfaces de gravillons et de graviers-gazon.
– Aménager des terrasses pour ralentir l’écoulement en aval.
– Construire des canaux de dérivation (canaux artificiels pour détourner les eaux de crue).
– Tenir compte du plan cadastral dans la construction.
Au-delà de ces propositions, l’expert exhorte les autorités et les citoyens à respecter les textes encadrant l’aménagement et l’urbanisation en République de Guinée. « Le changement climatique se traduit localement par une augmentation des événements météorologiques extrêmes comme les inondations. Les citoyens et autorités doivent donc agir afin de réduire les conséquences de ces événements. Le risque d’inondation figure au premier plan des risques naturels. J’invite les autorités à faire appliquer les textes qui encadrent l’aménagement et l’urbanisation en République de Guinée. Quant aux citoyens, ils doivent se conformer aux droits de l’urbanisme et aux servitudes d’utilité publique. Dans le cadre des documents locaux d’urbanisme, la prévention des risques naturels doit être un des éléments déterminants du zonage et de la réglementation. Toute opération de construction, qu’elle soit réalisée ou non par un professionnel, doit respecter les dispositions du Code de la construction et de l’habitation, ainsi que les prescriptions d’urbanisme imposées en application du document local d’urbanisme, du règlement national d’urbanisme ou du plan de prévention des risques naturels. Par ailleurs, les constructions, lorsqu’elles sont autorisées, doivent être adaptées à l’existence et à la nature (crue, remontée de nappe phréatique) du risque d’inondation », a-t-il lancé.
Mamadou Mouctar SYLLA