Dans le cadre de ses efforts pour alléger le coût de la vie et rendre les produits de première nécessité comme le riz et l’oignon accessibles à tous, le ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME, a noué un partenariat avec le Groupe CIAO, une entreprise spécialisée dans l’importation de riz en Guinée. Grâce à cet accord, le gouvernement a annoncé une réduction du prix du sac de riz de 50 kilogrammes, passant de 320 000 GNF à 300 000 GNF pour les grossistes. Cependant, plusieurs commerçants et ménagères rencontrés ce lundi 2 décembre 2024 ont exprimé leur scepticisme face à cette mesure qui n’aurait pas d’effet sur la réalité.
Selon plusieurs personnes interrogées, cette annonce n’a eu aucun impact visible sur les prix pratiqués dans les marchés. Certaines avancent même que ce tarif était déjà appliqué avant l’annonce officielle. Fatoumata Binta DIALLO, ménagère rencontrée au marché de Dapompa (Matoto), a exprimé son désarroi face à des prix qu’elle juge excessifs. « Si le gouvernement annonce que le prix du sac de riz importé par CIAO est réduit à 300 000 GNF, cela ne change rien pour nous. Au marché de Dapompa, un sac de riz CIAO se vend à 350 000 GNF. Cette réduction, on ne la voit pas », déclare-t-elle.
Après le riz, le gouvernement a aussi annoncé la baisse du prix du sac d’ognon qui serait passé de 200 000 à 150 000 francs guinéens. Bountouraby SYLLA, vendeuse au marché de Lansanaya Barrage, parle du contraire. « Dans notre marché, il n’y a aucune réduction des prix, tout est cher. Un sac d’oignons coûte 200 000 GNF. Le sac moyen est à 190 000 GNF, et le plus petit à 180 000 GNF. Nous peinons à réaliser des bénéfices après la revente. », déplore-t-elle.
Face à cette situation, Fatoumata Binta DIALLO invite les autorités à intensifier les contrôles sur le terrain pour s’assurer que les prix fixés sont réellement appliqués. « Nous demandons au président de la transition d’agir rapidement. Cette collaboration avec le Groupe CIAO n’a rien changé. Le prix du riz reste le même. Nous, les femmes, souffrons énormément », ajoute-t-elle avec amertume.
Les commerçants s’expliquent
Selon certains commerçants grossistes interrogés dans les marchés de Lambanyi, Kissosso, Enta, Dapompa, et Lansanaya Barrage, le prix du sac de riz fixé à 300 000 francs guinéens pour les grossistes était déjà pratiqué avant l’annonce du gouvernement. Au grand dépôt de Madina, le sac de riz importé par CIAO aurait toujours été vendu à ce tarif, mais les coûts de transport et de logistique augmentent le prix de revente dans les marchés locaux. « Chacun revend en fonction des frais de transport et autres dépenses. Nous avons entendu l’annonce, mais elle n’a rien changé pour nous », confie un grossiste ayant requis l’anonymat.
Alors que le gouvernement tente de soulager le fardeau des consommateurs à travers ce partenariat, les ménages guinéens attendent des actions plus concrètes pour garantir que les prix fixés soient respectés sur le terrain. Entre scepticisme et frustration, le défi reste entier pour concilier annonces officielles et réalités du marché.
Aly Pires CAMARA