La COP29 se tient en Azerbaïdjan, dans la capitale Bakou. Des experts du monde entier y sont réunis pour discuter des actions nécessaires contre le dérèglement climatique. Ce jeudi 14 novembre 2024, Guineepanorama.com s’est entretenu avec Léopol TRAORÉ, consultant en environnement, pour faire le point sur les enjeux cruciaux pour l’Afrique. Dans un continent moins industrialisé, mais lourdement impacté, l’urgence climatique impose d’agir vite et avec solidarité.
Avec notre reporter : Mamadou Mouctar SYLLA
Guineepanorama.com : Parlez-nous de la COP !
Léopol TRAORÉ : la Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est un sommet international annuel sur le climat, sauf décision contraire des Parties (les pays concernés). Lors des COP, les dirigeants mondiaux se réunissent pour travailler ensemble sur des solutions visant à lutter contre le changement climatique. La COP23, par exemple, s’était tenue à Bonn, en Allemagne. Malgré les efforts des îles Fidji, qui présidaient cette conférence, les pays africains avaient déploré le manque de solidarité des nations du Nord, plus riches et industrialisées de longue date.
Combien de types de COP existe-t-il ?
Dans le domaine de l’environnement, on distingue trois COP, issues des trois conventions signées à l’issue du « Sommet de la Terre » de Rio en 1992 : la COP sur la biodiversité, la COP sur la lutte contre la désertification et la COP sur les changements climatiques, qui est la plus importante des trois. C’est précisément cette dernière qui fait l’objet de mon intervention aujourd’hui.
L’Afrique souffre du dérèglement climatique, quelle est sa responsabilité ?
Notre continent souffre quotidiennement des effets du changement climatique. Pourtant, l’Afrique n’est responsable que de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les pays riches et industrialisés du Nord peinent à honorer leurs promesses de solidarité, pourtant inscrites dans les négociations climatiques des Nations unies depuis 1992. Le continent africain est affecté par des événements météorologiques extrêmes qui menacent la production agricole et accentuent l’insécurité alimentaire. Les dérèglements saisonniers, l’avancée de la mer, l’ensablement du fleuve Niger, les pluies intenses, les inondations et la désertification sont autant de conséquences qui frappent un continent déjà en proie à la pauvreté extrême.
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Quels sont les enjeux pour l’Afrique ?
Pour l’Afrique, l’urgence climatique est une réalité quotidienne qui impose d’agir vite pour maintenir l’objectif de limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2 °C, voire 1,5 °C. Il est temps de passer des paroles aux actes pour faire face à cette urgence climatique dans les pays les plus vulnérables. Cela implique une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, le renforcement de la résilience des populations les plus pauvres et les plus impactées, ainsi que la mise à disposition des financements nécessaires pour s’adapter et amorcer un développement sobre en carbone.
Est-ce que cela pourrait avoir des impacts positifs ?
L’objectif des COP sur le climat est de suivre l’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre et de fixer des objectifs ambitieux pour limiter le réchauffement climatique. Les COP visent à proposer des solutions, qu’il s’agisse de mesures concrètes d’atténuation ou de stratégies d’adaptation. Le dérèglement climatique est une préoccupation mondiale, comme le montre la mobilisation des parties à la COP, malgré parfois une mauvaise foi de la part des pays développés. Cette COP a donné des signaux forts sur les règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris, notamment en matière de transparence, de contributions nationales et de bilan global. La société civile africaine francophone, regroupée au sein du Réseau Climat & Développement, a joué un rôle important pour faire entendre les voix et les préoccupations des communautés les plus touchées.
En termes d’enjeux, les actions prioritaires incluent :
– Faire des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique le socle de la lutte contre les changements climatiques et de l’atteinte des objectifs des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) africaines ;
– Faciliter l’accès aux financements climatiques pour les pays les plus affectés, en privilégiant les financements publics ;
– Prioriser les besoins spécifiques des pays et des populations les plus vulnérables, que ce soit en termes de financements, d’adaptation, d’accès à l’énergie ou de droits humains.
Sommes-nous réellement concernés par le changement climatique alors que l’Afrique est moins industrialisée ?
C’est évident qu’en termes d’industrialisation, nous sommes relégués au second plan. Cependant, nous ressentons plus fortement les effets du changement climatique par rapport aux plus grands pollueurs. La vulnérabilité de l’Afrique au changement climatique résulte de plusieurs facteurs, notamment une faible capacité d’adaptation, une forte dépendance aux ressources des écosystèmes pour les moyens de subsistance, et des systèmes de production agricole moins développés.