Le procès de l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory FOFANA s’est poursuivi ce lundi 20 janvier 2025 par les plaidoiries et réquisitions devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Accusé de « détournement de deniers publics, d’enrichissement personnel et de blanchiment de capitaux » à hauteur de 15 milliards de francs guinéens, Kassory FOFANA est désormais sous la menace de cinq années de prison ferme, d’une amende de cinq milliards de francs guinéens et de la « saisie conservatoire de ses comptes bancaires », réclamés par le ministère public.
L’audience a pris une tournure particulière car les avocats de l’ancien Chef du Gouvernement d’Alpha CONDÉ, Kassory FOFANA toujours hospitalisé, ont décidé de ne pas plaider, qualifiant le procès de « simple parodie de justice ». À la sortie de l’audience, Me Sidiki BÉRÉTÉ, membre du collectif de défense, s’est exprimé avec virulence face à la presse.
« On ne croit pas à la CRIEF… On ne se reproche de rien, c’est pourquoi on a refusé de participer à une simple parodie de justice pour satisfaire les hommes de coup d’État », a déclaré Me BÉRÉTÉ. Il a vivement critiqué ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice pour des fins politiques, dénonçant notamment les accusations portées contre son client.
Selon lui, les 15 milliards de francs guinéens évoqués par le parquet relèvent du fonds MAMRI (Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes) et non d’un enrichissement personnel de Kassory FOFANA. Il a également mis en lumière des contradictions dans les accusations, en pointant du doigt le fait que certaines entreprises, dont celle d’un ministre actuel, avaient bénéficié des marchés attribués.
« Vous avez écouté comment l’État titubait pour justifier les 15 milliards… Les 15 milliards c’est le fonds MAMRI… Y’avait 12 milliards à la Banque centrale vérifiable et les trois milliards qui ont été envoyés à l’ANIES, c’est par appel d’offre. L’actuel ministre de l’Énergie avait une entreprise qui a bénéficié du marché. Allez-y lui demander… Si on demande le fonds-là à Kassory,… Je crois que c’est simplement politique. Monsieur Ansoumane dont on parlait tout à l’heure, avait poursuivi l’administrateur [de l’ANIES] à Paris. L’administrateur du fonds MAMRI et du ANIES ont perdu le procès à Paris. Plus grave, L’ANIES ne peut pas dire qu’elle a perdu un franc », a-t-il affirmé.
Pour Me BÉRÉTÉ, les accusations portées contre Kassory FOFANA sont non seulement infondées, mais également injustes. « Au départ, on avait dit que Kassory était propriétaire de Plaza Diamond. Aujourd’hui, le procureur dit qu’il a payé un appartement… C’est de l’injustice. Ça fait trois ans il est en détention préventive pour un fonds dont il n’avait même pas la gestion. Et on demande à Kassory qui a servi ce pays pendant 40 ans de justifier sa pauvre maison à Lambanyi… C’est grave, c’est méchant, c’est même inhumain. Kassory est malade… Il est en détention politique », a-t-il martelé.
Alors que la CRIEF s’apprête à rendre son verdict, le collectif de défense de Kassory FOFANA persiste à dénoncer un procès « purement politique » visant à discréditer un homme qui a servi l’État guinéen pendant plus de quatre décennies. Me Sidiki BÉRÉTÉ a déclaré attendre ce verdict pour relever appel.
Saa Joseph KADOUNO