La disqualification du Syli National U17 des qualifications pour la CAN 2025, après une fraude avérée sur l’âge des joueurs, expose une fois de plus une pratique profondément enracinée dans le football africain. Cette exclusion est d’autant plus choquante que la Guinée, rappelons-le, avait déjà été épinglée pour des raisons similaires lors de la CAN U17 en Tanzanie en 2019. Une répétition qui interroge sur la persistance du problème, la responsabilité des acteurs et les conséquences désastreuses pour les joueurs eux-mêmes, ainsi que pour l’image du football guinéen et africain.
L’affaire récente, dans laquelle la Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone avaient initialement été disqualifiées après des tests IRM réalisés par l’UFOA A, a pris une tournure particulière lorsque la Guinée s’est retrouvée être la seule fédération exclue définitivement, après appel devant la Confédération Africaine de Football (CAF). Les deux autres nations ont été réintégrées, mais la Guinée subit une nouvelle fois l’humiliation. Pire encore, c’est la deuxième fois en quatre ans que notre pays se fait rattraper pour fraude sur l’âge dans cette catégorie.
Ce phénomène est loin d’être anecdotique. La falsification de l’âge des joueurs est une pratique courante dans le football, notamment en Afrique, où certains joueurs sont poussés à diminuer leur âge pour maximiser leurs chances de participer à des compétitions de jeunes ou s’octroyer une longévité professionnelle. Cette manipulation est souvent perçue comme un raccourci vers la gloire, mais elle est lourde de conséquences. En plus de tricherie évidente, elle met en péril la santé physique des joueurs. En effet, les joueurs plus âgés, prétendant avoir 17 ans, soumettent leurs corps à des rythmes et des niveaux d’effort qui ne correspondent pas à leur réalité biologique. À long terme, cette surcharge entraîne souvent des blessures précoces et des carrières raccourcies, voire des abandons prématurés.
La Guinée ne peut plus se permettre de tolérer de telles dérives. Il ne s’agit pas seulement d’un problème sportif, mais aussi d’une question éthique et d’intégrité. Cette pratique ternit l’image de notre football et compromet l’avenir des jeunes talents. Mais elle ne serait pas possible sans la complicité ou l’incompétence d’une autre institution : l’administration civile. Les fraudes dans la conception des actes d’état civil, notamment en matière de délivrance d’actes de naissance, sont au cœur de ce scandale. Les agents chargés de ces tâches, souvent peu scrupuleux ou corrompus, permettent la falsification des âges sur des documents officiels. Ce n’est donc pas seulement une question de discipline sportive, mais un problème systémique qui requiert des réformes profondes.
Une anecdote
Un jour, alors que j’étais allé faire mes formalités au ministère de la Sécurité pour mon premier passeport, j’ai entendu une conversation d’un officier supérieur de la police aux frontières échanger chaudement avec une personne dont je n’endait pas la voix et dont je ne connais pas le nom. Cet officier disait à ce dernier : « Nous avons de sérieux problèmes parce que quand tu prends les extraits ou les passeport de la plupart des Guinéens, tu vas trouver que sur 10, huit sont nés le premier premier mois ».
Il est grand temps d’agir ! La fédération guinéenne de football doit adopter une position ferme contre ces pratiques frauduleuses et prendre des mesures pour encadrer strictement la sélection de ses jeunes joueurs. Des tests biométriques réguliers et indépendants doivent être systématisés et une collaboration renforcée avec les services d’état civil est indispensable. De même, la CAF et la FIFA doivent se montrer inflexibles face à ces fraudes, en imposant des sanctions exemplaires non seulement aux joueurs et entraîneurs impliqués, mais aussi aux fédérations qui les encouragent ou les tolèrent.
Le football est censé être un terrain de jeu où le mérite et l’effort prévalent. En tolérant la triche, nous privons les vrais jeunes talents de l’opportunité de se développer et d’atteindre leur plein potentiel. La Guinée doit tirer des leçons de ses erreurs et, cette fois, travailler à éradiquer définitivement cette pratique qui nuit à notre réputation et à l’avenir de nos jeunes sportifs.
Il est temps d’assainir le football guinéen.
La rédaction