L’accès à une bourse d’études constitue pour tout citoyen, dans n’importe quel pays du monde, une chance inestimable de renforcer ses connaissances et de contribuer, par la suite, au développement de sa nation. Mais en Guinée, cette opportunité s’est transformée en un cauchemar pour de nombreux étudiants à l’étranger. La situation actuelle, décriée par les bénéficiaires eux-mêmes, révèle une gestion défaillante et un désintérêt apparent des autorités guinéennes face aux difficultés que rencontrent ces étudiants.
Un mal persistant
Il est devenu courant, chaque année, de voir les boursiers guinéens se plaindre pour recevoir les aides qui leur sont dues. Cette année encore, la situation ne diffère pas. Des étudiants, qui devraient être focalisés sur leurs études, se retrouvent obligés de manifester pour attirer l’attention de l’État sur leurs besoins essentiels. « Pourquoi faut-il toujours se plaindre pour recevoir son dû ? », s’interrogent-ils, reflétant le sentiment général de lassitude et de désillusion chez ces jeunes, laissés à eux-mêmes dans des pays étrangers, souvent confrontés à des conditions de vie précaires.
Entre études et survie : un choix cornélien
Face à des retards récurrents dans le paiement des bourses, les étudiants sont contraints de jongler entre études et petits boulots pour subvenir à leurs besoins élémentaires : alimentation, logement, frais scolaires, et démarches administratives pour la régularisation de leur statut. Certains sont même obligés de travailler de nuit, effectuant des horaires épuisants qui compromettent sérieusement leurs performances académiques. Une situation intenable qui, au lieu de favoriser l’épanouissement des talents guinéens à l’étranger, compromet leur avenir.
Une Administration à la traîne
Un autre point soulevé par les boursiers est la lenteur administrative dans le décaissement des fonds. Le paiement des bourses intervient souvent après des mois d’attente, plongeant les étudiants dans l’incertitude. « Depuis des lustres, les boursiers guinéens traînent une réputation de plaignants », ironisent certains. Ce malaise procédural, qu’aucun responsable ne semble vouloir résoudre, devient une source de découragement et d’angoisse permanente pour ceux qui devraient normalement se concentrer sur leurs études.
Un appel à l’ide et plaidoyer pour une action urgente
Les étudiants guinéens en Russie, regroupés au sein de l’Association des Étudiants et Doctorants Guinéens en Fédération de Russie (AEDGFR), adressent un appel pressant aux autorités guinéennes, notamment au Président de la Transition, le Général Mamady DOUMBOUYA. Ils demandent une prise en compte rapide de leurs revendications afin de mettre fin à la souffrance qu’ils endurent dans leurs pays d’accueil. Sans un soutien financier régulier, beaucoup d’entre eux risquent de se retrouver à la rue, exposés à des conditions climatiques extrêmes, notamment en Russie où l’hiver rigoureux peut s’avérer fatal.
Un avenir en suspens
Il est urgent que les autorités guinéennes prennent des mesures pour améliorer la gestion des bourses d’études à l’étranger. La négligence actuelle met non seulement en péril l’avenir des étudiants concernés, mais ternit également l’image de la Guinée sur la scène internationale. Les boursiers, loin d’être des plaignants éternels, sont avant tout des patriotes qui aspirent à contribuer au développement de leur pays. Leur cause mérite d’être entendue et traitée avec le sérieux qu’elle requiert.
Saa Joseph KADOUNO, Journaliste Reporter d’Images (JRI)