Les états généraux de l’agriculture ont été lancés ce mercredi 03 juillet à Conakry, République de Guinée. L’événement vise à rassembler les principaux acteurs du secteur agropastoral pour discuter des défis et des opportunités, et élaborer des stratégies durables pour le développement du secteur.
Durant trois jours, des acteurs de la filière agricole venus de divers horizons vont discuter des défis du secteur. L’objectif est de faire le diagnostic afin de pouvoir assurer la sécurité alimentaire. C’est dans ce sens que le ministre de l’agriculture a, dans son discours, fait l’état des lieux en ces termes : “La République de Guinée, de par sa diversité de son climat, de ses écosystèmes est un pays éminemment agricole avec une pluviométrie comprise entre 1 300 et 4 000 mm d’eau par an. Un potentiel en terre arabe évalué à 13 700 000 hectares soit 56% du territoire national. Un cheptel estimé à 8 millions de bovins, 7 millions de petits ruminants. D’autres filières animale porteuse, avicole et de nombreux cours d’eau font de la Guinée, le château d’eau de l’Afrique de l’ouest. En plus de sa position géographique et son ouverture sur l’océan et le monde avec plus de 300 km de côtes maritime, notre beau pays, la Guinée présente des multitude d’ opportunités », a-t-il entamé.
« En dépit de cet immense potentiel et d’énormes réformes consentis depuis l’indépendance », poursuit Félix LAMAH , « le secteur agro-pastorale peine à atteindre les objectifs d’autosuffisance, de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté. C’est un paradoxe qui nous interpelle tous », regrette-t-il, louant ensuite les avancées enregistrées dans le secteur depuis la prise du pouvoir par le CNRD en septembre 2021. « Depuis cette date, d’importants efforts ont été consentis notamment la mise à disposition d’importantes quantités d’engrais et d’équipements agricoles, la promulgation de la loi agricole et du code pastoral. L’augmentation significative du budget du ministère de l’agriculture et de l’élevage. Nous restons toujours tributaire de l’importation de volume important de denrées de première nécessité. Rien que pour l’année 2023 et bien qu’en baisse, la Guinée a importé 754000 tonnes de riz et 51537 tonnes de viande de poulet”.
Président cette cérémonie d’ouverture, le premier ministre, Amadou Oury BAH qui s’appuie sur les récentes données de la Banque mondiale, affirme que le secteur agricole apporte n’apporte que 19% que au PIB national. Ce qui, de son point de vue, est une déception.
“D’après les statistiques de la Banque mondiale, la contribution du secteur agropastoral pour le PIB de la Guinée est de 19%. Un pourcentage qui s’avère une déception pour toute la communauté nationale. De par ce que Dieu nous a donné des terres arables, de l’eau, une main d’œuvre nous ne pouvons pas nous contenter d’une contribution qui n’atteindra même pas 20% du PIB », fait remarquer le Chef du gouvernement, tirant la conclusion suivante : « C’est la raison pour laquelle ces états généraux doivent répondre à la problématique selon laquelle comment se fait-il que malgré tout ces atouts que certains caractérisent comme un scandale en terme de potentialité que les spécialistes ont appelé de paradoxe, comment trouver des voies et moyens pour faire en sorte que ce paradoxe soit résolu définitivement. C’est un enjeu capital, c’est la raison pour laquelle le président a bien voulu affecter les ressources avoisinant les 200% au secteur agricole pour rompre cette fatalité qui fait que la Guinée, malgré tout son atout, n’est pas parvenue à faire [en sorte] que son agriculture soit porteur de croissance – Et donc les 19% d’aujourd’hui, ne nous satisfont pas du tout. Il faut changer, c’est la raison de l’organisation des états généraux. En un an 800 mille tonnes de riz d’importation ce n’est pas acceptable. Nous avons tout ce qu’il faut pour produire ce que nous devons consommer… Il faut que la production agricole dans ce [notre] pays permette à la Guinée d’utiliser son levier que Dieu nous a donné pour nous permettre d’être autosuffisant sur le plan alimentaire et nourrir la région ouest africaine”, a-t-il fait martelé.
A signaler que ces états généraux de l’agriculture prendront fin le vendredi 05 juillet 2024.
Mamadou Mouctar SYLLA