Loin des habitudes du président sortant Joe Biden, qui privilégie avec Israël les pressions en coulisses, la vice-présidente a déclaré, après avoir rencontré Benyamin Netanyahu, qu’il était temps de mettre un terme à la guerre « dévastatrice ».
« Ce qui s’est passé à Gaza au cours des neuf derniers mois est dévastateur », a-t-elle déclaré, évoquant les « enfants morts » et les « personnes désespérées et affamées fuyant pour se mettre à l’abri ». « Nous ne pouvons pas détourner le regard de ces tragédies. Nous ne pouvons pas nous permettre de devenir insensibles à la souffrance et je ne resterai pas silencieuse », a-t-elle ajouté devant la presse.
L’ex-sénatrice, âgée de 59 ans et engagée dans la course à la Maison après le retrait de Joe Biden le week-end dernier, a expliqué avoir insisté auprès de Benyamin Netanyahu sur la situation désastreuse lors de cette rencontre « franche ». Elle lui a demandé de conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages avec le Hamas afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l’attaque du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre. Kamala Harris a également appelé à la création d’un État palestinien, à laquelle s’oppose le Premier ministre israélien.
Rencontre avec Joe Biden
Un discours qui tranche avec l’image de grande cordialité affichée par Joe Biden et Benyamin Netanyahu plus tôt dans la journée, même si les deux hommes entretiennent des relations notoirement compliquées. C’est en plein tumulte politique que le Premier ministre israélien a posé le pied aux États-Unis, seulement quatre jours après l’annonce fracassante du retrait de Joe Biden, 81 ans, de la campagne pour l’élection présidentielle de novembre.
« Je tiens à vous remercier pour ces 50 années de travail au service du public et de soutien à l’État d’Israël », a déclaré le dirigeant israélien avant d’ajouter : « je me réjouis de travailler avec vous dans les mois qui viennent ». Le président américain affiche son fort soutien à Israël depuis le début du conflit, mais s’est montré de plus en plus critique au fur et à mesure qu’augmentait le bilan des victimes civiles à Gaza. Il veut maintenant faire pression sur Benyamin Netanyahu dans l’espoir d’arriver à un accord de cessez-le-feu.
La Maison Blanche a expliqué que le président américain avait réaffirmé la nécessité de parvenir à un accord « rapidement », selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. Les dirigeants se sont ensuite entretenus avec des familles d’otages américains détenus à Gaza, qui ont qualifié la réunion de « productive ».
Dernière étape en Floride
C’est ce qui s’appelle ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Benyamin Netanyahu a des attentions délicates pour tout le monde politique américain. Il n’était donc pas question qu’il oublie de saluer Donald Trump : pour la fin de son voyage outre-Atlantique, Benyamin Netanyahu se rend ce vendredi en Floride, à l’invitation de Donald Trump qu’il a longuement remercié dans son discours devant les élus à Washington. Jeudi matin, l’ancien président républicain a exhorté Israël à « terminer » rapidement sa guerre à Gaza, avertissant que son image mondiale était en train de se ternir. « Il faut en finir rapidement. Cela ne peut plus durer. C’est trop long », a-t-il déclaré à Fox News.
C’est à l’ancien président que le Premier ministre israélien doit le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem en mai 2018. Une mesure symbolique pour l’État hébreu qui, comme le rappelait le Premier ministre israélien mardi dans son discours au Congrès, considère la ville comme sa capitale éternelle et indivisible. C’est aussi Donald Trump qui est à l’origine des accords d’Abraham en 2020, qui ont permis la fin de l’isolement diplomatique israélien dans le monde arabe. Cette visite est donc une façon de remercier Donald Trump, tout en lui accordant une importance et une stature que la Constitution américaine ne lui donne pas.
Mais comme Benyamin Netanyahu, qui a fait des études aux Etats-Unis, est aussi un fin connaisseur de la politique américaine, il ne fait cette visite qu’après s’être rendu à la Maison Blanche. Il ne faut pas insulter l’avenir.
RFI