En marge du Forum Panrusse des Jeunes sur l’Éducation (SHUM) de Kaliningrad, notre Directeur de Publication, Saa Joseph KADOUNO, a eu l’opportunité d’échanger avec Manuela CHOUAGA, étudiante camerounaise inscrite à l’Université nationale technique d’Irkoutsk, en Russie située à 66 km de Moscou. Manuela y poursuit un parcours académique et personnel riche en découvertes et défis. Dans cet entretien exclusif, elle nous livre son expérience de vie estudiantine, ses projets d’avenir et son regard sur la vie en Russie.
Un parcours motivé par la qualité et l’accessibilité de l’éducation
Manuela a débuté son cursus par une année de langue, avec l’ambition de se spécialiser en traduction et interprétation anglais-russe. Pour elle, choisir la Russie n’a pas été un hasard : « Les études ne sont pas très chères en Russie et la qualité de l’enseignement est quand-même appréciable. Hormis ça, les relations africaines et russes peuvent donner de la chance », confie-t-elle. Attirée par des frais de scolarité abordables et des perspectives professionnelles solides, elle espère construire un pont linguistique et culturel entre son pays d’origine et son pays d’accueil.
Conditions de vie en Russie : entre autonomie et soutien
La vie étudiante, selon Manuela, est relativement accessible et organisée. Elle détaille le système des dortoirs, avec des coûts allant de 500 à 5000 roubles. Résidant dans l’un des dortoirs les plus chers, autrefois réservés exclusivement aux étudiants chinois et mongols, elle souligne le changement positif qui permet désormais aux étudiants africains d’y séjourner. « …Ce dortoir a été conseiller par le gouvernement mongolien (mongol) pour leurs étudiants. Mais, de nos jours, on permet aux étudiants africains d’y accéder… »
En termes de couverture médicale, elle apprécie le système d’assurance inclus pour les étudiants : « Lorsque vous êtes malade, vous allez juste avec votre carnet rouge… vous serez soigné. » Toutefois, elle précise que les médicaments sont à la charge des étudiants, même si leurs coûts restent « trés » raisonnables.
Un environnement d’intégration sans heurts
Alors que des étudiants de peau noire sont parfois victimes de racisme à travers le monde, Manuela, après six mois passés à Irkoutsk, assure n’en avoir jamais fait l’expérience : « À l’Université, tout le monde se comprend, les enseignants sont très accueillants. » Elle remarque une certaine curiosité ou gêne parfois, due à la barrière de la langue dans la société, mais rien qui ne soit hostile ou discriminatoire. « Sur le plan de la vie disons : au supermarché, au travail, y’a pas de racisme. C’est vrai qu’au début, certains se sentent un peu gênés de vouloir tout le temps patienter que vous puissiez traduire ce que vous voulez dire mais, c’est pas vraiment du racisme ça », estime-t-elle.
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L’anglais comme tremplin académique
Originaire du Cameroun, Manuela bénéficie d’un parcours en anglais qui facilite son intégration académique : « L’enseignement se passe à partir de là langue anglaise. Je viens du Cameroun où j’ai appris l’anglais, du coup, je n’ai pas de souci pour les cours ».
Cependant, dans la société russe où le russe est la langue prédominante, elle reconnaît que l’utilisation de traducteurs est souvent nécessaire pour ses échanges quotidiens.
Pour Manuela CHOUAGA, la Russie s’avère un environnement d’apprentissage riche et inclusif, où elle peut envisager un avenir prometteur dans la traduction et l’interprétation. Grâce à des conditions de vie adaptées et à des relations bienveillantes, elle vit une expérience qu’elle recommande sans réserve à d’autres jeunes africains en quête d’une formation de qualité à l’international.
Saa Joseph KADOUNO