Suite de notre Grand Dossier consacré à la situation des médias fermés. Pour ce numéro, nous avons tendu le micro aux auditeurs de Mirador, l’émission phare de la Radio FIM FM, aujourd’hui sous verroux. Certains expriment leur désarroi face à cette décision et appellent à une négociation entre les autorités et les responsables de FIM FM, tandis que d’autres applaudissent cette mesure, estimant qu’elle a permis d’éviter des troubles dans le pays.
Rencontré à la Cimenterie, Abdourahim DIALLO, Chargé des cours de langue anglaise, a tenu à rappeler l’importance de FIM FM dans le paysage médiatique guinéen. Selon lui, ce média jouait un rôle clé dans l’information de la population :
« La fermeture de la radio FIM FM a contribué à une désinformation croissante au sein de la population. Actuellement, nous n’écoutons plus des émissions phares comme Mirador, où des questions d’intérêt national étaient débattues. Ce média nous tenait au cœur de l’actualité. Dès le matin, nous étions réveillés par ses émissions matinales, qui combinaient analyse et divertissement », explique-t-il.
Pour cet enseignant, les conséquences de la fermeture vont au-delà de l’information. Il pointe également les impacts sociaux et économiques, notamment sur les employés du groupe : « À cause de cette fermeture, de nombreux travailleurs, dont des chefs de famille, sont aujourd’hui au chômage. Ils peinent à subvenir aux besoins de leurs familles. Le ministre de l’Information et de la Communication doit comprendre que les journalistes de ce média ne sont pas des opposants à la transition. Ils se contentaient de rapporter les réalités du terrain et de mettre en lumière des vérités que certains préféraient ignorer », affirme-t-il.
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De son côté, Kémoko SIDIBÉ, chauffeur de taxi-urbain, soutient pleinement la décision des autorités. Pour lui, la fermeture de FIM FM était nécessaire pour maintenir la paix sociale : « Moi, j’apprécie beaucoup la décision du ministre de l’Information et de la Communication. Retirer l’agrément de ce média et interdire sa diffusion étaient des mesures cruciales. FIM FM était, à mon avis, à l’origine de la plupart des soulèvements populaires en Guinée, surtout à Conakry, et particulièrement sur l’axe. Avec son émission phare Mirador, cette radio attisait souvent les tensions. Si elle avait continué à émettre, notre pays aurait pu connaître des divisions encore plus graves », justifie-t-il.
Ces divergences d’opinions reflètent un débat plus large sur les libertés publiques et la stabilité en période de transition. Pour l’instant, les autorités restent inflexibles sur leur position, même si l’on apprend des négociations qui se poursuivent encore.
Aly Pires CAMARA