Au cours de l’Assemblée Générale du RPG Arc-en-Ciel, qui s’est tenue ce samedi 31 août 2024, Marc YOMBOUNO a pris la parole pour éclairer l’opinion publique sur la résiliation d’un mémorandum d’entente entre la Guinée et SEESEA, un consortium de firmes asiatiques.
L’accord, signé le 16 août 2024 entre la firme et le ministre de l’Économie et des Finances, prévoyait un prêt sans intérêt de 2 milliards de dollars à la Guinée sur une durée de 17 ans, avec en contrepartie la priorité accordée à SEESEA pour les négociations sur les infrastructures à construire sur l’Île de Kassa. Cependant, la partie guinéenne a renoncé à cet accord suite à la violation de l’article 9, qui exigeait que l’accord reste secret.
Pourtant, des informations ont fuité et ont été relayées par les médias, y compris à l’international. « Ce qui est plus grave, le ministre de l’Économie et des Finances dit qu’il ne l’a pas fait seul. Il affirme avoir tenu des réunions avec son secrétaire général, son chef de cabinet, son chargé de la dette, et son conseiller juridique, à la suite d’un courrier du Premier ministre », a-t-il déclaré.
La fuite d’informations a poussé le ministre des Finances à se rétracter et à résilier l’accord personnellement. Pour Marc YOMBOUNO, ce type d’accord un cadeau empoisonné. « Un prêt sans intérêt est un poison, et la mise en place d’une banque offshore sur l’Île de Kassa est un poison. Mais Dieu ne dort pas. C’est ce qui a conduit à la résiliation du document », a-t-il ajouté.
Comparaison avec d’autres accords et interrogations sur le silence des institutions de Breton WOODS et la CRIEF
Marc YOMBOUNO n’a pas manqué de souligner la différence entre cet accord et d’autres accords majeurs signés par la Guinée au temps d’Alpha CONDÉ. Il estime que le pool financier actuel est incompétent à défendre l’intérêt de la Guinée dans les négociations avec des investisseurs. « Voyez-vous leur insuffisance de mobilisation de fonds aujourd’hui ? Nous, nous décrochons légalement 20 milliards USD, eux ils vont chercher illégalement 2 milliards. Et quatre jours après, ça a été dévoilé et ils ont résilié ».
Il a également soulevé des interrogations sur l’absence de réaction de la part des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque Mondiale, ainsi que de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Cette dernière créée par les autoritésactuelles, est actuellement de juger les anciens dignitaires du régime d’Alpha CONDÉ pour corruption, enrichissement illicite, détournement de deniers publics, entre autres. « La question que le RPG Arc-en-Ciel se pose aujourd’hui par rapport à tout ça, c’est celle de savoir où sont le FMI et la Banque Mondiale ? Aucune déclaration n’a été faite. La CRIEF, même chose, parce que dans ses prérogatives, on dit que même l’intention doit être poursuivie », a-t-il critiqué, tout en soulignant le contraste avec la situation des cadres guinéens emprisonnés « pour des preuves qui n’ont pas été publiées ».
Les justifications du ministre des Finances au CNT
Face à cette situation, le ministre de l’Économie et des Finances a tenu à se défendre devant le Conseil National de la Transition (CNT). Il a rappelé que le mémorandum d’entente « n’est pas contraignant juridiquement » et « n’a aucune valeur engageante ». L’article 9, qui exigeait la confidentialité, était censé être une précaution jusqu’à ce que l’accord soit stabilisé.
Le ministre a également justifié son engagement en soulignant qu’il a vu une « opportunité de financement » pour la Guinée. Il a assuré que la réunion sur cet accord avait été tenue « avec ses collaborateurs » et que la démarche était en réponse à un « courrier officiel du Premier ministre », a indiqué Mourana SOUMAH. Il a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un « acte de bonne foi » destiné à explorer des possibilités de financement pour relancer les infrastructures en Guinée.
Un accord avorté, mais des questions subsistent
La résiliation de cet accord avec SEESEA soulève des questions sur la transparence et la gestion des affaires publiques en Guinée. Si le gouvernement guinéen semble avoir agi par précaution après la fuite d’informations, les critiques concernant l’opportunité et la légalité de l’accord demeurent. Le débat sur la gouvernance financière du pays est donc relancé.
Aly Pires CAMARA