Suite à l’échec des négociations entre les syndicats des transporteurs et le gouvernement, la circulation sur l’axe Km36-Coyah est presque paralysée ce mardi 27 août 2025, selon les observations d’un de nos reporters. La situation a été confirmée par le bureau syndical de la gare routière de Gomboya, se trouvant sur cet axe.
Sur le terrain, on constate la rareté des véhicules de transport en commun, traditionnellement peints en jaune. Les gros porteurs, qui constituent une partie essentielle du transport routier, sont pratiquement absents, stationnés çà et là le long de la route. Ce mouvement de protestation fait suite à l’accord controversé signé entre le syndicat des transporteurs et le ministère des Transports, qui prévoit une augmentation des tarifs du permis de conduire et de la carte grise, entre autres mesures.
Un mécontentement partagé mais des positions nuancées
Mamadou Kaly BAH, chauffeur sur l’axe Conakry-Mamou, exprime un sentiment partagé. Bien qu’il se dise en règle, sur certains points, il conteste plusieurs mesures, notamment celle de la visite technique. « Personnellement, ma plaque est neuve et mon permis est biométrique, mais j’ai des amis qui n’ont pas encore obtenu le leur. Ce qui nous fatigue le plus, ce sont les contrôles incessants des policiers et de la brigade mobile. Je soutiens le gouvernement sur la question des permis, mais il y a des véhicules qui n’ont même pas de plaques et qui sont vétustes. Demander à leurs propriétaires de se mettre en conformité devient compliqué. Je plaide pour que le gouvernement repousse la date limite et diminue les prix. Concernant la visite technique, c’est vrai que cela se fait dans beaucoup de pays, mais nous n’en sommes pas encore là. Je suis ici en soutien, même si je suis en partie en règle », a-t-il déclaré.
De son côté, Sadjo FOFANA est déjà dans l’esprit de la grève et dénonce, lui aussi, le comportement des forces de l’ordre. « Pour les permis, ils doivent prendre des dispositions pour nous faciliter la tâche. Concernant la visite technique, ils devraient l’annuler. Pour les plaques d’immatriculation, ils devraient se concentrer sur les nouveaux véhicules en provenance du port. Ensuite, ils doivent s’atteler à réparer les routes, surtout à Conakry. La brigade mobile nous harcèle sans cesse. Je soutiens pleinement la grève et je suis prêt à y participer. Si cela ne dépendait que de nous, même les rares véhicules qui circulent seraient immobilisés. Nous nous préparons pour la semaine prochaine », a-t-il indiqué.
Un syndicaliste dresse un tableau préoccupant
Rencontré dans son bureau à la gare routière de Gomboya, Mamoudou KÉÏTA, syndicaliste, a décrit la situation actuelle. « La vie est très chère en ce moment. Parler de visite technique à l’heure actuelle est inopportun, car nous n’en sommes pas encore à ce stade. Les permis sont onéreux, le gouvernement doit en réduire les prix. Pour les cartes grises, ils doivent prendre en compte les nouveaux véhicules, mais vouloir imposer cela aux anciens serait compliqué. Un autre problème réside dans le comportement des policiers, qui extorquent de l’argent aux chauffeurs. Dans ce contexte, il est difficile pour ces derniers de respecter les normes quand l’argent peut tout régler. Ici, l’engouement pour la grève n’est pas massif. Certains chauffeurs travaillent discrètement, mais ils le font par crainte des représailles », a-t-il déclaré.
Les autorités et les syndicats peinent à trouver un terrain d’entente, laissant planer le risque d’une paralysie totale des activités de transport dans les jours à venir.
Mamadou Mouctar SYLLA