Les travailleurs de la société Albayrak Transports, spécialisée dans le transport urbain à Conakry, ont entamé une grève pour exiger le paiement de leurs salaires de juillet. La situation préoccupe les responsables de l’entreprise, rencontrés ce mercredi 21 août 2024 par un reporter de Guineepanorama.com. Ces derniers assurent qu’une solution sera trouvée dans les jours à venir. Mais en attendant, les usagers habitués aux bus de la société, notamment sur l’axe Dabompa-Kaloum, subissent déjà les conséquences.
À l’arrêt de bus d’Enta, il est 8 heures. Après plus de 20 minutes d’attente en ce mercredi matin, aucun bus de la société Albayrak Transports ne s’est arrêté comme à l’accoutumée. En cause : une grève des travailleurs, décidés à protester contre les retards de paiement. Sidiki Oularé, ancien employé de l’entreprise, témoigne : « Albayrak Transports dispose d’une vingtaine de bus opérationnels qui desservent plusieurs quartiers de la banlieue. Mais aujourd’hui, avec cette grève, ils sont tous à l’arrêt », confie-t-il. Il ajoute, hors micro, que les retards récurrents dans le versement des salaires l’ont poussé à quitter son poste dont le nom ne nous a pas été révélé, malgré notre insistance.
Les conséquences sont immédiates pour les citoyens qui comptent sur ces bus pour rejoindre Kaloum à moindre coût. Rencontré à l’arrêt de Matoto, Sorel CAMARA exprime sa frustration : « La situation économique est déjà difficile. Avec ces bus, on paye moins cher l’aller-retour. Si je devais prendre un taxi ou une moto, je dépenserais bien plus alors que je gagne à peine un million par mois dans un cabinet privé. Avec la moitié de ce montant consacrée au transport, comment nourrir ma famille, payer mon loyer, et subvenir aux autres besoins ? Si la société ne peut pas assurer ses services, autant qu’elle ferme, c’est épuisant ! », s’indigne-t-il.
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Mariame BALDÉ, 25 ans, employée à Donka, n’en est pas à son premier constat des tensions entre Albayrak et ses employés. « Ce n’est pas la première fois que les travailleurs cessent leurs activités à cause des salaires impayés. C’est l’image de la société qui est en jeu, il faut éviter que cela se reproduise », conseille-t-elle.
Les responsables de l’entreprise se montrent bien conscients de la gravité de la situation. À la réception du siège à Matoto où l’ensemble de la flotte immobilisée, l’un d’eux, qui a préféré garder l’anonymat, explique brièvement : « Toute entreprise peut traverser des moments de crise. Nous sommes en train de prendre les mesures nécessaires pour sortir de cette impasse », a-t-il affirmé.
En attendant, les usagers réguliers des bus d’Albayrak devront s’armer de patience. Pour rappel, Albayrak Transports est né d’un partenariat entre la Guinée et la Turquie, qui avait offert 50 bus sous la présidence d’Alpha CONDÉ pour améliorer la mobilité à Conakry.
Il y a trois ans en arrière, les problèmes de salaires ont poussé les employés d’Albayrak Transports d’aller en grève.
Tamba Justin LÉNO