C’est une histoire quelque peu épistolaire ! Dans le district de Millimou, relevant de la sous-préfecture de Yendè Millimou, située à une vingtaine de kilomètres de la préfecture de Guéckédou (sud de la Guinée), une jeune fille du nom de Sia Fanta YOMBOUNO s’est démarquée par son brillant parcours scolaire. Seule admise de son établissement au Certificat d’Études Élémentaires (CEE), elle incarne l’espoir et la détermination d’une génération en quête d’un avenir meilleur. L’enthousiasme de ses parents notamment son père, souligne l’intérêt de scolariser les jeunes filles.
Née le 8 septembre 2009 à Millimou, Sia Fanta est la fille de Saa Antoine et de Sia Marie MILLIMOUNO. Sa scolarité commence en octobre 2018, à l’école élémentaire de Millimou, un établissement jeune mais symbolique, dont la création remonte à une initiative communautaire. En effet, l’idée de fonder cette école est née en 2008, sous l’impulsion de René TOLNO, qui, avec la communauté, a lancé un projet ayant abouti à l’ouverture de l’établissement en 2015. Ce projet a permis aux enfants de la contrée d’accéder à l’éducation dans un cadre, certes modeste, mais porteur d’espoir.
Dès ses débuts scolaires, Sia Fanta se distingue par ses performances. De la CP1 à la CM2, elle a toujours occupé le rang de première de sa classe. Ses résultats impressionnants, comme une moyenne de 6,46 en CM1, témoignent d’une élève studieuse et appliquée. Lors du passage du CEE (Certificat d’Études élémentaires), elle obtient une moyenne de 6,26, devenant la seule candidate admise de son école, sur dix candidats, et se classant 3327e ex æquo au niveau préfectoral.
Selon un de ses enseignants, Sia Fanta est une élève « calme mais brillante », qui « révisait » consciencieusement à domicile. Son parcours exemplaire est également marqué par la vision inspirée de son père, Saa Antoine, qui, impressionné par la réalisation du pont reliant Millimou à Yendè Millimou par une femme ingénieure, a décidé de scolariser sa fille. Une décision qui démontre l’importance de l’accès à l’éducation pour les filles et l’impact que peuvent avoir des modèles inspirants comme la femme ingénieur sur les communautés rurales. « Quand j’ai vu que c’est cette femme qui dirigeait les travaux de construction de notre pont, j’ai dit que je veux ma fille soit comme elle. Je n’avais jamais vu une femme à la tête d’un groupe d’homme », s’est confié Saa Antoine.
« Fanta est très bien en calcul. Je pense que son père n’a pas tort de rêver qu’elle devienne ingénieur un jour », témoigne un de ses enseignants à l’école primaire.
Fanta, justement, veut poursuivre le rêve de son père : « Je vais tout faire pour honorer mon papa en devenant ce qu’il veut que je sois dans la vie », a-t-elle déclaré.
Cependant, l’école élémentaire de Millimou, bien que fondée grâce aux contributions de la communauté, fait face à de nombreux défis. Avec seulement trois salles de classe pour six groupes pédagogiques, les conditions d’apprentissage sont loin d’être idéales. L’établissement a un besoin urgent d’enseignants supplémentaires et d’un soutien, que ce soit de l’État ou de bonnes volontés, afin de moderniser les infrastructures et offrir aux élèves comme Sia Fanta un cadre plus adapté à leur épanouissement scolaire. « Nous n’avons que trois enseignants. Il y a certains niveaux, on les mélange. On divise la salle et le tableau en deux. La première année d’un côté, la deuxième année de l’autre. Quand on finit une leçon avec un groupe, on attaque avec l’autre. Ce n’est pas ce que nous souhaiterions offrir comme cadre à nos enfants. Mais on agit avec les moyens de bord. Je sais quelle importance les études ont pour un être humain. Aujourd’hui, je suis très fier de Fanta. D’ailleurs c’est tout Millimou qui est fier. C’est notre porte-flambeau », a indiqué le Directeur de l’école.
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L’histoire de Sia Fanta YOMBOUNO est une source d’inspiration non seulement pour son village, mais aussi pour toute la région. Son succès met en lumière le potentiel immense des enfants des zones rurales, qui ne demandent qu’une opportunité pour prouver leur valeur.
La rédaction