« Il y a manifestement un traitement inégal, et c’est quelque chose qu’il faut également dénoncer…, Il avait été annoncé que tout mouvement de soutien au CNRD…était interdit,… »
La journée du 5 septembre n’a pas été seulement marquée par des célébrations. Elle a également été une occasion de dénonciation pour les Forces vives, qui ont organisé une manifestation afin d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis de la gestion du CNRD.
Rencontré ce vendredi 6 septembre, Cheick Oumar TRAORÉ, président de l’UPAG, a d’abord exprimé son regret face aux décès enregistrés sur l’autoroute Le Prince les 4 et 5 septembre 2024. Cependant, il estime que la manifestation appelée par les Forces vives était inopportune. Selon lui, ces mêmes forces avaient autrefois cautionné le 5 septembre.
« La manifestation projetée par les Forces vives n’était pas opportune, il faut le dire clairement. Je fais partie de ceux qui ont soutenu le 5 septembre 2021. Le 5 septembre 2024 avait déjà été approuvé par certaines de ces forces il y a trois ans, car ceux qui manifestent aujourd’hui contre la commémoration du 5 septembre 2024 étaient les mêmes qui avaient accompagné le président lors de son investiture en septembre 2021. On ne peut pas comprendre qu’au moment de la commémoration d’une telle date, une autre manifestation soit organisée. C’est le premier point. Deuxièmement, je me demande pourquoi choisir le 5 septembre pour exprimer sa frustration. Il y avait plusieurs autres jours disponibles pour organiser une manifestation. Coïncider une manifestation des Forces vives avec une date aussi symbolique n’est pas approprié. D’autant plus que nous avons déploré hier, encore une fois, des décès par balles. Cela reste un problème récurrent dans notre pays : à chaque manifestation, des jeunes tombent. C’est une situation à dénoncer. La responsabilité de l’État est ici engagée, car c’est à lui de garantir un cadre légal et sécurisé pour que les manifestations se déroulent sans incidents. Il incombe aussi aux manifestants de prendre leurs responsabilités afin d’éviter les débordements. Peut-on manifester sans qu’il y ait de morts ? C’est la question qu’il faut se poser », a-t-il conclu.
Pendant que des jeunes pleurent leurs morts sur l’autoroute Le Prince, ailleurs, des mouvements de soutien célébraient dans une ambiance festive. Certains y voient une forme d’injustice, un « deux poids, deux mesures ». Pour le jeune politicien, le CNRD doit rester fidèle à son engagement initial, celui d’interdire tout mouvement de soutien.
« Il avait été annoncé que tout mouvement de soutien au CNRD ou à la prise du pouvoir par le CNRD était interdit, de même que les manifestations politiques. Mais aujourd’hui, on constate que ces interdictions ne sont plus respectées. Par exemple, des artistes organisent des concerts, et des mouvements de soutien se créent officiellement, passent dans les médias pour annoncer leur formation, sans que les autorités ne réagissent. Il y a manifestement un traitement inégal, et c’est quelque chose qu’il faut également dénoncer », a-t-il déploré.
Mamadou Mouctar SYLLA