« …Honnêtement, nous les jeunes guinéens sommes abandonnés à nous-mêmes. »
Instaurée par les Nations Unies, la journée internationale de la jeunesse est célébrée ce 12 août 2024 dans le monde. Elle vise à mettre en lumière les enjeux auxquels font face les jeunes dans le monde entier. Cette année, elle a pour thème : « Des clics au progrès : les parcours numériques des jeunes pour le développement durable. »
En Guinée, pas de véritable engouement autour de la célébration. Le thème de cette journée cette année qui met l’accent sur le rôle du numérique dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), ne vient pas à point nommé selon Ousmane DIALLO, diplômé en informatique appliquée. Il regrette et affirme que les décideurs guinéens actuels n’ont aucune volonté de faire de ce numérique un levier de développement. Pour s’expliquer, il évoque les panes d’électricité chroniques dans le pays sans laquelle on ne peut pas parler de numérique. « Nous n’avons pas de courant alors que nous sommes au 21ème siècle et nos dirigeants vendent la bonne image de notre pays dans le mensonge aux yeux du monde. C’est regrettable. Si on avait l’électricité, on serait aujourd’hui l’un des pays les plus riches du monde parce que nous avons tout ce qu’il faut ici pour faire des usines mais comment les faire fonctionner par manque de courant. Beaucoup d’entreprises ont fermé courant ces deux dernières années. Surtout ces entreprises qui peuvent pas travailler sans le courant, qui n’ont pas suffisamment de moyens financiers mais qui veulent quand même faire quelque chose dans le cadre du développement durable », a-t-il regretté.
Dans le pays, les quelques défis du moment concernant la jeunesse sont l’éducation, l’emploi et l’entreprenariat. Des sujets souvent abordés dans les discours politiques des décideurs mais jamais appliqués sur le terrain. « Ce sont des défis une fois relevés, permettent à la jeunesse de célébrer sa contribution à la société et à encourager son engagement dans la construction d’un avenir meilleur. Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Sur le volet emploi, c’est après plusieurs années qu’un concours d’intégration à la fonction publique est organisé et là encore, sans aucune transparence il faut l’avouer. L’éducation est bâclée. Celui qui vient à la tête du département en charge de l’éducation, remet en question ce qu’il a trouvé comme acquis. En voulant mieux faire, finit par tout mettre à l’eau. Cela est visible dans la façon dont les examens nationaux se sont déroulés cette année et pire, la manière dont la publication des résultats a été faite. C’était du jamais vue », a dénoncé Marcel GUILAVOGUI, jeune diplômé de l’institut des sciences de l’éducation de Guinée, enseignant de formation.
En Guinée, le ministère de la Jeunesse et le Conseil national de la Jeunesse (CNJ) ont choisi Kankan pour célébrer cette journée. À Conakry, certains jeunes comme Oumar KOUROUMA, n’avaient cette information. « Je ne savais même pas si aujourd’hui c’est la journée internationale de la jeunesse. C’est au Conseil National de la Jeunesse de communiquer auprès des jeunes sur cette journée mais je me demande si cela a été fait. Honnêtement, nous les jeunes guinéens sommes abandonnés à nous-mêmes », nuance-t-il.
Dans une déclaration, le ministre de la jeunesse a reconnu que les jeunes sont confrontés « au chômage, à la pauvreté, au sous-emploi, à des problèmes de santé sexuelles et reproductives dans un environnement ouvert aux espaces numériques qui les exposent à tous les dangers notamment la cybercriminalité ». Kéamou Bogola HABA a aussi indiqué que les jeunes de moins de 35 ans représentent 3/4 de la population guinéenne soit 77,5%.
Tamba Justin LÉNO