Le président tunisien Kaïs SAÏED a été réélu pour un second mandat avec une majorité écrasante de 90,69% des suffrages exprimés lors de l’élection présidentielle du dimanche 6 octobre 2024. Ce scrutin, marqué par un taux de participation historiquement bas de 28,8%, a révélé un désintérêt profond de la population pour la politique, le plus faible depuis l’instauration de la démocratie en 2011. Plus de 9,7 millions d’électeurs ont préféré l’abstention, un chiffre qui reflète un mécontentement vis-à-vis du processus électoral.
Face à Kaïs SAÏED, les résultats des autres candidats ont été modestes : Ayachi ZAMMEL a recueilli 7,35% des voix, tandis que Zouhair MAGHZAOUI n’a obtenu que 1,97%. Ces chiffres ont été confirmés par l’Autorité indépendante des élections, malgré les critiques virulentes de la société civile qui accuse le président de mener une « dérive autoritaire » depuis sa prise de pouvoir en 2019.
Avant la publication officielle des résultats, un sondage indépendant avait déjà placé Kaïs SAÏED largement en tête, confortant ainsi sa victoire. Cependant, cette réélection, marquée par des accusations d’atteintes aux libertés et une centralisation du pouvoir, divise profondément le pays. Beaucoup de Tunisiens voient en SAÏED un dirigeant déterminé à redresser la nation, tandis que d’autres le considèrent comme une menace pour la jeune démocratie tunisienne.
La Tunisie, autrefois saluée comme un modèle de transition démocratique après le Printemps arabe, se trouve aujourd’hui à un tournant décisif, avec un avenir politique incertain sous le contrôle de Kaïs SAÏED.
Arrivée au pouvoir sur la bannière neutre (candidat indépendant) en octobre 2019, le juriste constitutiinnaliste a joui d’une popularité en obtenant 72,7% des voix au second tour. Deux ans plus tard, il consolide ses prérogatives en limogeant le premier ministre et dissolvant le parlement. En 2022, il dissout la constitution de 2014 et fait adopter par référendum une nouvelle qui fait de l’Islam la « source du droit » malgré les contestations.
Avant cette présidentielle, il a fait prisonnier certains opposants dont Ayachi ZAMMEL.