À Kaloum, le centre névralgique de l’administration guinéenne, l’interdiction des moto-taxis pour des raisons de sécurité suscite de nombreuses interrogations. Officiellement, cette mesure est justifiée par le souci de réduire les accidents de la circulation, nombreux dans cette zone densément peuplée. Les autorités pointent du doigt la conduite imprudente des moto-taxis, accusés de mettre en péril la sécurité des piétons et des automobilistes.
Cependant, cette décision semble paradoxale lorsqu’on observe que certains agents des forces de défense et de sécurité, censés faire respecter cette interdiction, se déplacent quotidiennement à moto. Ces mêmes motos, interdites pour les civils, sont librement utilisées par des militaires et des policiers pour circuler à Kaloum, et même au-delà de cette zone, sans être inquiétés. Cela crée un sentiment d’injustice et de frustration chez les conducteurs de moto-taxis, qui se voient écartés d’un secteur vital pour leur subsistance.
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Ce double standard soulève des questions sur la légitimité de l’interdiction et sur l’équité dans l’application des règles. Si la sécurité routière est l’objectif, pourquoi autoriser certains à braver les restrictions sans conséquence ? Cette pratique met en lumière les inégalités dans l’application des lois et la nécessité de repenser des politiques inclusives et cohérentes. Une solution pourrait résider dans une meilleure régulation des moto-taxis, plutôt qu’une interdiction totale, afin de garantir à la fois la sécurité publique et le droit de gagner sa vie.
Pour l’heure, l’interdiction des moto-taxis à Kaloum reste une mesure qui, au lieu de renforcer l’ordre, contribuerait à alimenter des tensions entre les autorités et les citoyens.
La rédaction