Le gouvernement guinéen s’apprête à introduire un système d’adressage numérique et physique pour améliorer la gestion urbaine. Selon Mohamed Lamine KEÏTA, spécialiste de la géolocalisation, ce projet pourrait transformer l’organisation des services publics et favoriser l’inclusion sociale. Dans une interview accordée à notre rédaction, ce vendredi, 23 août 2024, il nous éclaire sur les enjeux et les bénéfices de cette initiative.
Guineepanorama.com : Quelle est la différence entre l’adressage physique et numérique ?
Mohamed Lamine KÉÏTA : L’adressage physique correspond au système traditionnel de numérotation des rues et des bâtiments, permettant aux individus de localiser des lieux de manière physique. Par exemple, cela inclut l’attribution d’un numéro et d’un nom de rue pour identifier un bâtiment. L’adressage numérique, en revanche, s’appuie sur des technologies de géolocalisation pour attribuer des adresses précises à des emplacements géographiques. Ce système permet de localiser un lieu à l’aide de coordonnées GPS et d’autres attributs numériques, facilitant ainsi la navigation et la gestion des adresses via des plateformes numériques.
Quels sont les avantages économiques et sociaux attendus de l’instauration d’un système d’adressage numérique ?
Les avantages économiques et sociaux d’un système d’adressage numérique sont nombreux :
– Amélioration des services publics : facilite l’intervention des services d’urgence, la distribution du courrier, et la planification urbaine.
– Stimulation de l’économie locale : améliore l’accès aux marchés pour les entreprises en permettant une meilleure navigation et une livraison plus efficace des biens.
– Inclusion sociale : permet à des zones précédemment non desservies d’accéder à des services essentiels, réduisant ainsi les inégalités.
– Efficacité administrative : Simplifie la gestion des impôts locaux, la facturation des services publics et l’enregistrement des propriétés.
Y a-t-il des exemples d’autres pays africains qui peuvent servir de modèle pour la Guinée dans la mise en place de l’adressage physique et numérique ?
Oui, plusieurs pays africains peuvent servir de modèles pour la Guinée :
– Le Rwanda : le pays a lancé avec succès un programme national d’adressage numérique en utilisant des technologies avancées pour assurer une couverture complète et précise.
– Le Kenya : Nairobi a développé un système d’adressage numérique pour améliorer la planification urbaine et les services de livraison.
– Le Ghana : avec son projet de Code Numérique d’Adresse, le Ghana a intégré un système d’adressage numérique couvrant l’ensemble du territoire, reliant chaque adresse à des coordonnées GPS.
Comment les données d’adressage sont-elles collectées, gérées et mises à jour pour garantir leur précision et fiabilité ?
Les données d’adressage sont collectées grâce à des technologies de géolocalisation comme les GPS et les systèmes d’information géographique (SIG). Les équipes de terrain capturent les coordonnées exactes des bâtiments et des rues. Une fois collectées, ces données sont stockées dans une base de données centralisée, régulièrement mise à jour grâce à des vérifications sur le terrain, des contributions des résidents, et l’intégration de nouvelles constructions. La gestion de ces données nécessite des infrastructures numériques robustes et une collaboration continue entre les autorités locales et les entreprises spécialisées en géolocalisation.
Quelles sont les implications de l’adressage numérique sur la gouvernance locale et la prestation des services publics en Guinée ?
L’adressage numérique renforce la gouvernance locale en offrant une meilleure visibilité et une gestion plus efficace des ressources territoriales. Il facilite la collecte des impôts fonciers, la délivrance des permis de construire et l’optimisation des circuits d’assainissement. Sur le plan de la prestation des services publics, il permet une distribution plus rapide et plus précise des services de santé, de sécurité et de secours. En outre, il améliore la transparence administrative en rendant les informations sur les propriétés et les zones résidentielles plus accessibles.
Quels sont les coûts associés à la mise en œuvre de l’adressage numérique et physique, et comment sont-ils financés ?
Les coûts de mise en œuvre incluent :
– Technologies de géolocalisation et SIG : investissements dans les logiciels et équipements nécessaires à la collecte des données.
– Formation du personnel : formation des équipes locales pour la collecte, la gestion et la mise à jour des données d’adressage.
– Infrastructures numériques : développement de bases de données sécurisées et de plateformes numériques pour la gestion des adresses.
– Sensibilisation du public : campagnes pour informer les citoyens sur l’utilisation du système.
Ces coûts peuvent être financés par des partenariats public-privé, des aides internationales, des fonds publics alloués par l’État, et par les collectivités locales.
Que devrait faire le gouvernement pour assurer une bonne compréhension des citoyens ?
Le gouvernement devrait :
– Lancer des campagnes de sensibilisation : utiliser les médias, les réseaux sociaux et des ateliers communautaires pour expliquer les avantages et le fonctionnement de l’adressage numérique.
– Éduquer à l’utilisation des technologies numériques : former les citoyens, en particulier ceux des zones rurales, à utiliser les outils numériques pour accéder aux services liés à l’adressage numérique.
– Assurer l’inclusion numérique : veiller à ce que l’infrastructure numérique nécessaire soit accessible à tous, indépendamment de leur localisation géographique ou de leur statut socio-économique.