La France est en train de perdre ce qui lui restait en Afrique de l’ouest. Après avoir été chassée au niger, Mali et Burkina, le Tchad aussi a mis fin à la coopération militaire. Le Sénégal menace à son tour de chassser l’armée française. Interrogé par notre rédaction, Thierno Boubacar TOUNKARA, analyste géostratège dit avoir vu la situation venir.
Guineepanorama.com : le Tchad annonce la fin de la coopération militaire avec la France, et au même moment le Sénégal ne veut plus la presence militaire française sur son territoire. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Thierno Boubacar TOUNKARA : C’etait un anachronisme qui perdurait. Ces deux pays le Tchad et le Sénégal sont gagnés par le souverainisme, un vent qui souffle sur l’Afrique et qui emporte l’ancienne puissance coloniale. Le Sénégalais Diomaye FAYE a bien imagé cet anachronisme. Il a dit, je le cite : « imaginez des militaires senegalais en tenue sénégalaise déambuler dans Paris… » insupportable. Mais la situation est duale, c’est-à-dire différente, même si le point de depart est historiquement identique. Au Tchad, les troupes française étaient là depuis 136 ans environ, donc la colonisation. C’est l’armée française qui fut le fer de lance de la pénétration coloniale. Les troupes françaises sont au Senegal, peut être plus longtemps encore avec Dakar qui était la capitale de de l’AOF (Afrique occidentale française). Après les indépendances dans les années 60, les troupes coloniales sont démesurées, mais en vertu des accords qui légitimaient leur présence dans ces territoires indépendants. La nuance est importante. Une autre nuance : le Tchad dénonce les accord, et met fin à la presence des troupes françaises sur son territoire, tandis que le Sénégal émet l’intention d’y mettre fin. Trois remarques :
1) les troupes françaises au Tchad, près d’un millier à cause du déménagement du Niger, ou elles avaient été chassées pour ce que vous savez. Elles s’étaient repliées au Tchad, pour une question de logistique. c’était pas loin.
2) La décision tchadienne est intervenue au lendemain de la visite éclaires du ministre des Affaires étrangères français. En politique, rien n’est fortuit tout se tient. Tout à été discuté entre eux au haut niveau. On ne joue pas au cache cache en diplomatie.
3) Le cas sénégalais : SONKO avait donné le ton la lors de la visite de MÉLENCHON en mai. C’est le premier politique français à venir au Sénégal, après l’élection de Djoma FAYE. SONKO en a profité pour régler ses comptes avec la France officielle. Il avait dit notamment que lors qu’il fût embastillé par Macky SALL, seul MÉLENCHON a donné de la voix. Il avait aussi déclaré que la presence des troupes françaises au Sénégal était inacceptable.
4) La décision du Sénégal a lieu en plein cœur du massacre de tirailleurs africains appeles tirailleurs Senegalais à Thiaroye. Comme quoi l’histoire a rattrapé la France.
Comme si on devait s’y attendre ?
Oui j’ai vu venir !
Finalement est-ce que la Guinée avait raison en 58 ?
Ce n’est pas pareil. Le 1er novembre 1958, lors du rassemblement au Camp Mangeint rebaptisé Camp Almamy Samori TOURÉ. On a descendu le tricolore français pour hisser le Rouge Jaune et Vert. Le lendemain, les militaires Français ont commencé à desarmer a faire les caisses et plier bagages, et tous les corps d’armée confondus.
Quelles pourraient être les conséquences pour ses pays ?
Depuis la menace terroriste, les troupes françaises avaient la mission d’appuyer les FDS de ces pays, notamment en renseignements. Il y a trois semaines des djihadistes sont entrés au Tchad, maîtrisé un camp militaire fait plus de 200 morts et emporté du matériel [militaire]. Nul n’a vu. Le Sénégal était en guerre contre les indépendantistes cazamancais. Mais depuis les deux anciens régimes passés (Abdoulaye WADE et Macky SALL) les armes se sont tues. Le terrorisme est hypothéqué. Sur ce plan, rien.
De lautre côté si ces contingents achetaient dans ces pays, ou si leurs infrastructures sanitaires par exemple servaient ces pays oui il y aura des conséquences. S’il n’y a rien de tout ça, alors il n’y aura pas de conquences. Les armées de ces deux pays sont montées en puissance capables de défendre leurs terrtoires. Au temps de Deby père, par deux fois les mirages français on décimé des colonnes rebelles tchadiens pour sauver le régime. De même, les troupes françaises ont combattu directement l’invasion libyenne dans les années 70-80 (Faya larjo, Tibesti…). Ce sont des souvenirs enterres.
Entretien réalisé par Mamadou Mouctar SYLLA