Quelques heures après une publication virulente du journaliste d’investigation Abdoul Latif DIALLO, le directeur de la SONAP, Moussa CISSÉ, a été limogé. Cette décision suscite des interrogations sur la véracité des révélations faites par le journaliste, notamment sur les crises internes à la SONAP et la gestion du secteur des hydrocarbures.
Le limogeage de Moussa CISSÉ, Directeur général de la Société nationale des pétroles (SONAP), survenu ce mercredi 11 septembre 2024, fait l’objet de spéculations. En effet, cette décision intervient quelques heures seulement après la publication sur le réseau social Facebook par Abdoul Latif DIALLO, un journaliste d’investigation bien connu pour ses dénonciations de scandales dans les hautes sphères de l’État sous la transition.
Dans sa publication, Latif revient sur une réunion tenue le 10 septembre par le conseil d’administration de la SONAP, à la demande du général Amara CAMARA. La réunion visait à discuter du comportement de Moussa CISSÉ, qui, selon le journaliste, refusait de revenir à Conakry depuis son séjour à Abidjan. Le conseil d’administration aurait alors désigné Sanoussy KABA, responsable des opérations, comme directeur intérimaire.
« Suite au conseil d’administration tenu hier de 17h à minuit, à la demande du général Amara Camara, en raison du refus catégorique de Moussa Cissé de revenir à Conakry depuis Abidjan, où il séjourne à l’hôtel Ivoire, il a été décidé de proposer un directeur général intérimaire. C’est Sanoussy Kaba, responsable des opérations, qui a été désigné », écrit-a-t-il, critiquant ce supposé choix du Conseil d’Administration.
« Ce même Sanoussy Kaba est un ancien employé de Total, licencié pour détournement de fonds. Il s’est spécialisé dans la rédaction de rapports anonymes contre ses collaborateurs, à l’image des pratiques en vigueur durant la révolution, ce qui a précipité le départ d’Amadou Doumbouya ancien DG. Il faut rappeler que Sanoussy Kaba avait été muté par Moussa Cissé en tant que responsable du projet de construction du dépôt de Moribaya, une mutation qu’il n’a pas acceptée ».
Le journaliste a ensuite dénoncé la gestion de la SONAP qui, selon lui, a fait l’objet de nombreuses controverses depuis la prise de pouvoir du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) en 2021. Il prend pour exemple des « contrats « opaques », le « carburant toxique », et des « soupçons de corruption autour d’opérations d’achat de devises avec des banques primaires » ont terni l’image de l’entreprise. Il a mis en garde contre les dangers de maintenir Sanoussy KABA à ce poste stratégique, appelant à la nomination d’un cadre plus compétent et intègre pour diriger la SONAP en cette période de crise.
« Pour mémoire, le secteur des hydrocarbures est en crise depuis l’avènement du CNRD, avec des contrats opaques conclus avec Sahara, puis Adaxx, pour l’approvisionnement en carburant. Il y a également eu des affaires de carburant toxique et des soupçons de corruption liés à des opérations d’achat de devises avec des banques primaires, impliquant des bureaux de change.
Le CNRD aurait tout intérêt à nommer un cadre compétent, impartial et sérieux pour gérer ce secteur vital, sous peine de le mettre en danger en cette période de crise ».
Quelques heures après cette dénonciation publique, la nouvelle du limogeage de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances est tombée. Cette coïncidence pousse à se demander si les révélations d’Abdoul Latif DIALLO sont à l’origine de cette décision. En l’absence de communications officielles sur les raisons du limogeage, les spéculations devraient donc aller bon train.
La publication de Latif DIALLO soulève une question plus large sur l’avenir de la SONAP et du secteur des hydrocarbures en Guinée. La gestion de ce secteur vital est devenue un enjeu crucial pour le pays.
Le départ de Moussa CISSÉ marque un tournant dans la gestion de la SONAP, mais les interrogations persistent quant à la direction que prendra l’entreprise sous une nouvelle direction, celle de Dr Lanciné CONDÉ, ancien ministre du Budget, son successeur, contrairement aux révélations du journaliste qui annonçaient Sanoussy KABA. La nomination de Dr CONDÉ sera toutefois scrutée de près, tant par les observateurs nationaux qu’internationaux, alors que la Guinée cherche à stabiliser son secteur des hydrocarbures en pleine crise, depuis l’explosion du principal dépôt de Kaloum en décembre 2023.
La rédaction