Le Directeur de Publication du site d’information Depecheguinee, dit avoir a échappé de justesse à une tentative de kidnapping orchestrée par des hommes encagoulés vendredi 16 août dernier à Conakry. Ce qu’il qualifie de « complot pour attenter à sa vie » a révélé, selon lui, l’implication de hauts responsables de l’État guinéen. Mais ce qui choque le plus le journaliste, c’est le rôle présumé du procureur général de la République près la Cour d’appel de Conakry, Fallou DOUMBOUYA, qu’il accuse d’avoir été le « chef d’orchestre » de cette opération.
Selon Abdoul Latif DIALLO, l’affaire a débuté le mercredi 14 août 2024, lorsqu’il a reçu un appel téléphonique de Fallou DOUMBOUYA, qui l’invitait à se rendre à son bureau le vendredi 16 août à 10 heures pour discuter d’une affaire le concernant. « Est-ce une convocation ? », a demandé le journaliste, à qui le procureur a répondu par la négative, insistant pour un entretien informel. Méfiant, Latif a exigé « une convocation officielle notifiée par un huissier », mais cette demande a été ignorée.
Inquiet de la nature informelle de cette convocation et conscient de la réputation du procureur pour ses actions contre les journalistes et les leaders de la société civile critiques envers le régime, selon le journaliste, L. DIALLO a consulté son avocat. Ce dernier a vérifié l’authenticité de l’appel et a confirmé le rendez-vous avec le procureur.
Des signes avant-oureurs d’un piège
Entre-temps, des sources ont averti DIALLO qu’une opération de kidnapping était en préparation contre lui. Ces informations l’ont poussé à prendre des mesures de précaution et à éviter toute interaction directe avec le procureur sans la présence de son avocat. Le jour du rendez-vous, l’avocat a insisté pour que le procureur envoie une convocation formelle, ce que ce dernier a refusé. Selon Abdoul Latif DIALLO, le procureur a laissé entendre qu’une arrestation pourrait être effectuée ailleurs qu’à son bureau, avant de prononcer une phrase révélatrice : « S’il ne vient pas et qu’on le kidnappe, alors qu’on ne m’appelle pas. »
Une tentative de kidnapping déjouée
À 10 heures, le vendredi 16 août, Abdoul Latif DIALLO n’a pas répondu à l’invitation du procureur. Peu après, une équipe de « kidnappeurs » aurait été dépêchée à son domicile, mais grâce à ses précautions et à son réseau, la tentative a échoué. DIALLO rend grâce à la « mafia » qu’il considère plus puissante que le pouvoir pour l’avoir protégé.
Une justice dévoyée ?
Pour le journaliste, cette affaire n’est pas seulement une tentative d’enlèvement, mais aussi une preuve inquiétante de la dégradation de l’institution judiciaire en Guinée. Le procureur général, censé être le gardien de la justice, se serait transformé en un acteur clé d’un système d’oppression contre ceux qui osent défier le gouvernement de Mamadi DOUMBOUYA.
« Là où la justice devrait régner, une ombre s’est installée, menaçant ceux qui élèvent la voix contre l’injustice, la corruption et l’enrichissement illicite », déplore Abdoul Latif DIALLO.
Il conclut en soulignant que la liberté d’expression est gravement menacée, non seulement par les actions du gouvernement, mais aussi par ceux qui devraient en être les protecteurs.
Le récit de Latif soulève des questions profondes sur l’état de la démocratie et des droits de l’homme en Guinée. Il met en lumière les les menaces à la liberté de la presse sous la transition. Trois médias audiovisuels restent toujours fermés pour « non-respect des cahiers de charges ». D’autres journalistes s’insurgeant contre cet état de fait ont été écroués à la maison centrale de Conakry, notamment le Secrétaire général du Syndicat des Professionneles de la Presse Privée de Guinée (SPPG), Sékou Djamal PENDESSA.
Abdoul Latif DIALLO a fait l’objet de plusieurs suspensions par la HAC. La dernière pour « diffamation » remonte à janvier 2024.
Nous avons tenté de recouper ces déclarations auprès de la Cour d’appel de Conakry. Notre contact a dit transmettre notre requête à monsieur le procureur, qui se trouverait au ministère de la Justice en réunion de cabinet.
Nous y reviendrons !
La rédaction