J’ai perdu il ya quelques jours au Maroc, mon Professeur de Littérature Cubaine à Poly Conakry, Amadou Lamarana Bah sur la photo. Il a été Ministre des Affaires Étrangères en 2008.
A l’annonce de son décès, l’actuel Chef de la Diplomatie Guineenne a fait, sur instructions du Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, prendre par l’Etat, toutes les charges liées au transport de la dépouille mortelle et de l’ensemble des funérailles. Une première aux dires du porte parole de l’Association des Anciens Ambassadeurs de Guinée
(AGAD), Elhadj Boubacar Diallo.
Si tout s’arrêtait à ce niveau, il n’y avait rien à dire ou à reprocher à qui que ce soit. Mais là où le Ministre Morissanda Kouyaté a marqué les esprits, c’est son implication personnelle au delà du déjà vu et du déjà connu dans ce pays.
Il est allé en personne, accueillir la dépouille mortelle du Professeur Amadou Lamarana Bah,à l’aéroport, sous une pluie qui tombait des cordes, à 3h du matin du jeudi passé.
C’est encore lui, qui va la déposer à la Morgue de l’Hôpital Sino-Guineen avant de se présenter dans la famille mortuaire quelques heures après. En fait, c’est un homme qui ne délégue pas quand il s’agit du social. Il se dévêti du manteau de Ministre, sans aucun garde du corps, au milieu de ses frères et sœurs Guineens. Et le voilà qui organise dans les locaux de son département, un symposium qui a réuni la famille, les amis, le monde diplomatique d’hier et d’aujourd’hui, pour rendre des hommages appuyés posthumes à celui qui fut Ministre des Affaires Étrangères de la République de Guinée en 2008.
Alors, les petites histoires croisent la grande histoire dans des témoignages émouvants sur l’enfant de Brouwal Tappe, mon Professeur qu’on appelait affectueusement « Lamar Cuba » pour y avoir effectué ses études.
Pieds sur le tapis d’honneur, Morissanda Kouyaté prend le chemin de la Morgue de l’Hôpital Sino-Guineen pour la levée du corps qu’il dépose à la Grande Mosquée Faycal pour la prière en ce Vendredi Saint. Alors qu’on croyait qu’il allait s’arrêter là, comme le font beaucoup de chefs et de riches qui considèrent le cimetière comme un interdit au risque de les voir chuter de leur piédestal, le Ministre Morissanda Kouyaté qui n’est pas dans une opération de vente de propagande, se fond et se confond au monde endeuillé qui est venu accompagner le défunt à sa dernière demeure au Cimetière de Cameroun, ce, malgré la pluie encore une fois, sans gardes du corps et sans parapluie, sans même se faire remarquer. C’est Koto Ablo, un ancien de la CBG, qui lui a ouvert le chemin au milieu de cette foule compacte, dense et immense, muée dans le silence du respect aux morts. Le Ministre Morissanda Kouyaté est un bel exemple d’humilité, qui connaît les rites qui charpentent la vie, qui sait aussi que le Diable a la montre, mais Dieu a le temps. que le social est la sève nourricière de la vie, les ouvrages qui enjambent les fleuves de l’unité et de la solidarité. Vivement une démultiplication de Morissanda Kouyaté dans ceux qui nous gouvernent afin de mieux les rapprocher des gouvernés.
Aujourd’hui, j’ai succombé aux actes fraternels de simplicité et de considération du Ministre Morissanda Kouyaté. Heureusement qu’il est mon « Nborin ». Une raison de plus d’être très fier de lui jusqu’au cœur du Hamana, du Bassando,du Oulada, du Balia, du Sankaran et du Gberedou à Kouroussa.
Témoignage d’Amadou Djouldé DIALLO, Journaliste Sportif, Historien