La nomination des membres des conseils de quartier dans les 13 communes de Conakry, la capitale guinéenne, suscite des réactions virulentes au sein de la classe politique. Ce lundi 28 octobre 2024, le conseiller en communication de Cellou Dalein DIALLO, Souleymane Souza KONATÉ, a déclaré que cette décision est illégale et que les nommés seront les instruments du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).
Un décret signé par le Général de Corps d’Armée Mamadi DOUMBOUYA, président de la transition, et une décision du Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ont conféré aux gouverneurs le pouvoir de nommer les Conseils de quartiers et de districts. Pour Souleymane Souza KONATÉ, ces actes, jugés illégaux, relèvent d’une provocation.
« C’est illégal dans la mesure où cet acte viole les dispositions des articles 80 et 100 de la loi L/2017/N°0040/AN, portant code révisé des collectivités locales de la République de Guinée, qui définissent clairement les conditions de dissolution d’un conseil de quartier et/ou de district. Ce code est toujours en vigueur dans notre pays. Pour dissoudre un ou plusieurs conseils de quartiers ou de districts, il faut que deux tiers des conseils élus soient reconnus coupables de crimes ou de malversations par un tribunal », a-t-il expliqué, soulignant que la situation actuelle ne répond pas à ces critères et risque d’exacerber les tensions et de radicaliser les positions.
Les autorités de la transition ont justifié ces nominations en affirmant que le mandat des anciens conseillers a expiré. Une justification que Souleymane Souza KONATÉ rejette, la qualifiant de violation des lois de la République. « Le pays dispose d’un fichier électoral assaini et consensuel. Il suffirait de réviser ce fichier et d’organiser des élections fiables, inclusives et transparentes pour permettre aux Guinéens de choisir librement leurs représentants à tous les niveaux », a suggéré le conseiller en communication d’Elhadj Cellou Dalein DIALLO, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
Souza avertit que, selon lui, le CNRD cherche à s’ancrer durablement au pouvoir. « Ils retardent volontairement le retour à l’ordre constitutionnel. Toutes les actions visant cet objectif sont simplement ignorées, avec pour but de s’incruster davantage au pouvoir, au mépris des risques encourus. La militarisation excessive de nos régions, préfectures et sous-préfectures, ainsi que l’installation de conseils de quartiers et de districts en violation de nos lois, sont pour nous un second putsch du CNRD contre le peuple de Guinée. Ces conseillers illégaux seront plutôt à la solde de la junte et de ses alliés civils pour des activités de propagande, de manipulation et d’achat de conscience, au détriment des intérêts des populations à la base. »
Au sein de l’ANAD et des Forces Vives, Souza prévient qu’aucune illégalité ne sera tolérée. « Nous allons nous faire entendre, et très bientôt. Il n’est pas question pour nous de croiser les bras et de laisser la junte condamner notre pays à un avenir incertain. Il est temps d’assumer une résistance collective pour libérer la Guinée de cette nouvelle dictature rampante. »
Tamba Justin LÉNO