La régularisation des nouveaux fonctionnaires admis au concours de la fonction publique est en cours, sous l’impulsion du ministre en charge du secteur. Ce processus exige deux étapes majeures : l’obtention du certificat d’aptitude médicale et l’enrôlement biométrique, effectués respectivement au Service national de Santé au Travail et au ministère de la Fonction publique à Conakry. Initialement perçu comme une formalité, ce processus est devenu un véritable périple pour certains fonctionnaires, contraints de quitter leurs foyers pour s’y soumettre.
Le « calvaire » des longs déplacements
Pour de nombreux fonctionnaires venus des régions de l’intérieur du pays, la centralisation de ce processus à Conakry représente un fardeau. Tamba Olivier IRANDOUNO, admis au compte du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), partage son expérience difficile. Venu de Boké, il a dû voyager dans l’urgence, laissant derrière lui sa famille. « Nous attendions à ce que ça soit décentralisé, que nous restions sur place. En plus, lorsqu’on vous demande de réunir un tas de documents dans un court temps, c’est très difficile. Moi, par exemple, je suis venu de Boké. J’ai dû laisser ma famille dans la plus grande précipitation, tout en sachant que nous venons fraîchement des vacances », a-t-il raconté.
Le certificat médical, indispensable à leur régularisation, ne s’obtient pas sans difficultés. Les démarches s’avèrent fastidieuses et chronophages, comme l’explique Irandouno. « Le certificat médical, pas encore ! C’est ce que j’attends. Nous avons fait le test avec toutes les difficultés possibles. Il faut prendre rendez-vous en ligne, mais c’est un processus qui bloque beaucoup de personnes. Une fois sur le site, il y a une queue immense sous le soleil. Vous y passez toute la journée », affirme-t-il.
Face à ces conditions, il s’interroge sur le timing choisi par l’État pour lancer ce processus. « Je m’attendais à ce que nous soyons en situation de classe à l’ouverture, en même temps que les contractuels. C’est difficile pour nous qui sommes au chômage. Les écoles privées savent déjà que nous sommes fonctionnaires, et nous demandent de signer un contrat de neuf mois. »
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Les défis d’un système en ligne « saturé »
Mamadi KABA, admis au compte du ministère du Commerce, raconte également ses mésaventures liées à la prise de rendez-vous pour les examens médicaux. Malgré la mise en place d’une plate-forme dédiée, les serveurs surchargés compliquent la tâche à de nombreux candidats. « Je me suis connecté pour prendre un rendez-vous, mais le serveur est très sollicité. Beaucoup de personnes se connectent en même temps, ce qui rend l’accès difficile. Pourtant, cet examen est obligatoire pour intégrer la fonction publique. »
La lenteur du processus suscite des inquiétudes, d’autant que les délais pour l’enrôlement biométrique approchent. « Si ça continue ainsi, peu de personnes réussiront à prendre rendez-vous, faire leurs examens et obtenir leur certificat d’aptitude dans les temps. »
Entre patience et résilience
Malgré ces difficultés, la plupart des jeunes fonctionnaires gardent espoir que ce processus aboutira. Comme le souligne Tamba Olivier Irandouno. « Je suis très sûr que ça va aboutir. Les récépissés qu’ils nous ont envoyés contiennent des matricules. Je ne sais pas si c’est les vrais parce qu’il se dit dans des groupes whatsapp que ce ne sont pas les vrais. Néanmoins, lorsque vous avez un matricule, c’est un bon signe. »
Les témoignages des nouveaux fonctionnaires reflètent une réalité partagée par de nombreux autres admis qui, malgré les embûches, poursuivent leur parcours vers une intégration complète dans les rangs de la fonction publique guinéenne : un rêve de longue durée.
Tamba Justin LÉNO